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Publié le Tuesday 13 May 2008
L'exposition réunit les oeuvres d'une vingtaine d'artistes représentatifs d'un mouvement dont l'apparition fut aussi brutale qu'explosive.
Également appelée « nouvelle figuration » ou « figuration critique », la Figuration narrative réunit des peintres européens venus vivre à Paris durant les années soixante et pratiquant une peinture qui, s'inscrivant dans la filiation du surréalisme, reprend les images quotidiennes produites par la société de consommation, la culture de masse, la presse, la publicité, la bande dessinée ou le cinéma. Leur peinture déborde d'humour et de dérision et trouve l'inspiration aussi bien au coin de la rue que dans l'actualité politique de l'époque.
La figuration narrative n'a jamais été un mouvement proclamé comme tel : elle est née de l'action du critique d'art Gérald Gassiot-Talabot et des peintres Bernard Rancillac et Hervé Télémaque qui, en juillet 1964, organisent ensemble dans les sous-sols du Musée d'art moderne de la Ville de Paris l'exposition « Mythologies quotidiennes ». Celle-ci regroupe une trentaine d'artistes parmi lesquels Arroyo, Bertholo, Bertini, Fahlström, Klasen, Monory, Rancillac, Recalcati, Saul, Télémaque, Voss et marque la prise de conscience d'une communauté de préoccupation.
Par delà son titre, qui fait allusion à l'essai de Roland Barthes, les toiles font état d'une représentation construite autour de la narration et des objets quotidiens. C'est donc au moment même où triomphe le pop art à la Biennale de Venise que l'exposition « Mythologies quotidiennes » place, comme son homologue américain, la société contemporaine et ses images au coeur des oeuvres.
Avec la volonté d'établir un discours critique et politique, la Figuration narrative marque un retour au sujet en rupture avec l'art abstrait dominant ou encore le nouveau réalisme, plus constatif. Le recours à la bande dessinée est par exemple conçu comme le moyen de prendre position là où les Américains l'utilisent plutôt comme une fin en soi. De même, le roman policier constitue une importante source d'inspiration pour ces artistes en raison de la prééminence du récit, du suspens et des clichés.
La figuration narrative rassemble ainsi au cours des années 60 des peintres venus d'horizons esthétiques ou géographiques différents tels les premiers nommés mais aussi Adami, Erró, Fromanger, Stämpfli, la Coopérative des Malassis. Travaillant à partir de l'image photographique ou cinématographique, de l'imagerie publicitaire, de la bande dessinée ou même de la peinture classique, ils aboutissent à des oeuvres qui détournent la signification première de ces représentations pour en révéler des sens inattendus, suggérer d'autres narrations, montrer leurs implications politiques.
Au cours de ces années, la figuration narrative se démarque de la neutralité sociale de l'Ecole de Paris comme du formalisme du Pop Art américain et dénonce les aliénations de la vie contemporaine. L'effervescence de la fin des années 60 favorisera l'engagement des plus militants des peintres de ce mouvement dans la vie politique et dans les événements de mai 68 à Paris.
Regroupant plus de cent peintures, objets ou films, l'exposition « Figuration narrative. Paris, 1960-1972 » est conçue comme une exploration des sources du renouveau figuratif qui marque l'histoire de l'art des années soixante à Paris. Leur rassemblement permet de saisir le climat d'apparition de ces oeuvres. Suivant un parcours mettant en valeur les thématiques majeures qui ont inspiré la plupart de ces artistes, l'exposition se divise en sections distinctes : aux origines de la figuration narrative (Prémices) ; l'exposition « Mythologies quotidiennes » (1964) ; objets et bandes dessinées ; l'art du détournement ; la peinture est un roman noir ; Une figuration politique.
Catalogue d'exposition La figuration narrative - Paris 1960-1972, éd. RMN
Commissariat : Jean-Paul Ameline, conservateur général du Patrimoine au Musée national d'art moderne, Centre Pompidou et Bénédicte Ajac, attachée de conservation au Musée national d'art moderne, Centre Pompidou. Scénographie : Laurence Le Bris