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Publié le Wednesday 23 March 2011
Peintre de l'imaginaire et du subconscient, contemporain des impressionnistes, Odilon Redon (Bordeaux 1840 au Paris 1916) demeure un artiste à part.
L'exposition des Galeries nationales offre une véritable redécouverte de cet artiste. Première rétrospective organisée à Paris depuis 1956, elle repose sur l'étude de nombreux documents inédits qui permettent d'éclairer l'oeuvre de Redon d'une lumière nouvelle.
Quelque 180 peintures, pastels, fusains et dessins, dont plusieurs inédits, ainsi qu'un ensemble très important de l'oeuvre gravé et lithographié (environ 100 estampes) prêté par la BnF, offrent un parcours chronologique à travers l'évolution stylistique et thématique de Redon, depuis l'époque angoissée des Noirs jusqu'à la profusion colorée de ses dernières oeuvres, selon une progression de l'ombre vers la lumière.
Le parcours de l'exposition distingue trois périodes dans l'évolution stylistique de l'artiste :
> Des débuts à 1890 : de la jeunesse de Redon et de son apprentissage de l'eau-forte auprès du mystérieux Rodolphe Bresdin (1822-1885) à Bordeaux, jusqu'à l'éclosion du monde des Noirs (fusains, lithographies) qui lui vaudront une notoriété dans le symbolisme naissant, notamment auprès du monde littéraire. Darwin et le mystère des origines du monde, mais aussi les somptuosités macabres d'Edgar Poe ou de Goya, sont alors les références de l'artiste, dont les lithographies doivent leur extraordinaire beauté à une technique accomplie et à des noirs veloutés qui dit-on resteront inégalés.
> De 1890 à la fin du siècle : à partir de cette date, l'univers onirique des « noirs » sera progressivement investi par la peinture et le pastel. Jusqu'en 1900 environ, Redon mènera parallèlement une veine colorée et une veine noire. Il s'adonne avec une originalité absolue au pastel, dont il demeurera avec Degas l'un des plus grands maîtres. Il devient l'un des protagonistes du symbolisme, fréquente Mallarmé et Gauguin.
> Redon au XXe siècle : après 1899, Redon abandonne la lithographie et le fusain. La couleur prend alors toute son intensité dans son oeuvre. Lles thèmes de la mythologie gréco-latine, ainsi que les fleurs apparaissent : ses bouquets, à la fois intimistes et d'une étrange exubérance, connaîtront un immense succès. Le domaine du décor lui apporte la conquête des grands formats. L'artiste décrira lui-même la dernière période de sa vie comme celle d'un équilibre et d'un bonheur particuliers, tardivement conquis. Bonnard, Vuillard, Matisse et les Fauves lui rendent hommage, tandis qu'il amorce à la fin de sa vie une collaboration avec la Manufacture des Gobelins, pour laquelle il réalise des cartons.
Commissaire d'exposition : Rodolphe Rapetti, conservateur général du Patrimoine, chercheur associé à l'Institut national d'histoire de l'art. Marie-Pierre Salé, conservateur en chef au Musée d'Orsay. Valérie Sueur-Hermel, conservateur au département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France, chargée des collections du XIXe siècle.
Scénographie : Hubert Le Gall