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Published on Tuesday 01 March 2011
Le trait en majesté, dessins français du XVIIe siècle dans les collections du musée Fabre expose pour la première fois l'exceptionnel fonds de dessins français du XVIIème siècle du musée.
Cette exposition est aussi l'occasion de publier le premier catalogue scientifique consacré à l'un des fonds majeurs des Arts graphiques
du musée.
Rarement montré au public à cause de conditions particulières et contraignantes de présentation, notamment un éclairage faible et de courtes durées d'exposition, ce précieux ensemble de dessins de Poussin, La Hyre, Le Sueur, Le Brun ou d'artistes plus rares, investit les salles Fabre dans les collections permanentes.
La variété des techniques utilisées, du lavis à la pierre noire, en passant par la sanguine ou la plume, invite le public à renouveler sa vision des collections. Il découvre ainsi un moment privilégié de la création artistique où les hésitations, les faiblesses et la grandeur des artistes se dévoilent spontanément dans le maniement de la plume, l'épaisseur du trait d'un lavis ou d'une pierre noire.
>> L'atticisme -
Plus qu'un groupe constitué, l'atticisme est une tendance qui irrigue l'art de l'époque de Mazarin. Pierre Rosenberg a ainsi défini le terme : « Ces artistes aiment un faire lisse, sans empâtement marqué, des couleurs claires, juxtaposées avec une audace raffinée, parfois avec une pointe de préciosité, un modelé savant. Ils privilégient la ligne, fuient le mouvement, attachent une grande rigueur à la composition () ».
> Poussin, un peintre français en Italie -
Nicolas Poussin est considéré comme une icône de la peinture classique. La diversité des feuilles du musée Fabre permet de montrer l'importance du dessin dans le processus créatif du peintre.
> Le Brun et l'art à Versailles -
Charles Le Brun a joué un rôle majeur dans la gouvernance des arts tout au long du règne de Louis XIV. Membre fondateur de l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1648, il en prend la tête, en 1663, assurant un réel magistère sur l'enseignement de la peinture. Partisan du dessin, capable d'imiter « toutes les choses visibles jusqu'à exprimer les passions de l'âme, sans qu'il ait besoin pour cela de la couleur », il devait infléchir durablement l'évolution de l'art français.
> L'art loin de Versailles -
Tout au long du siècle, les provinces du royaume connaissent une importante activité artistique et Paris n'est pas le seul lieu d'apprentissage pour les peintres. Sébastien Bourdon, montpelliérain, ou Philippe de Champaigne, formé à Bruxelles, rejoignent plus tard Paris pour connaître une gloire nationale. Le milieu lorrain, épargné par les luttes fratricides du XVIe siècle, demeure particulièrement florissant et voit naître Georges de la Tour, Jacques Callot ou Claude Gellée. De même, à Lyon, Jacques Stella et François Perrier passent par l'atelier d'Horace Le Blanc. Au
Sud de la France, bien représenté dans les collections du musée Fabre, Pierre et Nicolas Mignard, à Avignon, développent un important atelier,
et Raymond Lafage, à Toulouse, fait montre d'un talent de dessinateur très tôt reconnu.
> Michel Corneille et les usages du dessin -
Au XVIIe siècle, le dessin a des fonctions diverses dans les processus d'élaboration d'une oeuvre ou dans la diffusion des modèles. Corneille résume à lui seul la variété de ses usages. Le début de sa carrière fut marqué par sa collaboration avec le grand collectionneur de dessins, Everhard Jabach, pour lequel il reproduisit, aux fins de gravure, les feuilles les plus illustres de sa collection. Grâce à la technique de la contre-épreuve, il put aussi reproduire et diffuser certains de ses propres dessins.
Il semble que peu à peu, Corneille se soit exclusivement consacré aux arts graphiques, montrant l'attrait grandissant des amateurs de la fin du siècle pour cette forme d'art. Un artiste comme François Verdier, son contemporain, multipliera aussi avec un certain systématisme des séries dessinées destinées à être vendues ou gravées.
> Vers le XVIIIe siècle -
A la fin du règne de Louis XIV, un esprit nouveau anime l'Académie et remet en cause certaines doctrines. Le débat opposant partisans de la couleur et du dessin, ébranle durablement les positions officielles ; les disparitions de Le Brun et des fondateurs de l'Académie laissent le champ libre aux coloristes.
> Questions d'attribution -
A la différence des tableaux, les dessins, longtemps considérés comme des documents d'atelier, non destinés à être montrés au public, sont parvenus à nous sans date ni signature. Leur paternité reste le fruit d'une enquête minutieuse et complexe, parfois remise en cause. En exergue de l'exposition, le Cabinet Bonnet-Mel (salle 23) présente une sélection de feuilles dont l'attribution à des artistes identifiés du XVIIe siècle a
été abandonnée au cours de ces recherches, mais qui n'en ont en rien perdu de leurs qualités esthétiques.
Commissariat général d'exposition : Michel Hilaire, conservateur général du patrimoine, directeur du musée Fabre de Montpellier Agglomération. Commissariat scientifique : Jérôme Farigoule, conservateur du patrimoine, collections d'Arts graphiques et d'Arts décoratifs du musée Fabre de Montpellier Agglomération. Matthieu Gilles, conservateur du patrimoine, collections XVIIe - XVIIIe siècles et cabinet d'Arts graphiques du musée des Beaux-Arts de Dijon.