Exposition Pagodes et dragons

Paris, musée Cernuschi (23 février - 24 juin 2007)

Published on Friday 06 April 2007



L'esprit humain, toujours prompt à rêver de mondes imaginaires, a trouvé un aliment nouveau dans les contrées lointaines de l'Extrême-Orient. Cet empire étrange et mystérieux est devenu Cathay, monde de rêve où l'on ne distinguait pas chine, Inde et Japon.


Vien, l'ambassadeur de chine (c) PMVP/Patrick PierrainVien, l'ambassadeur de chine (c) PMVP/Patrick Pierrain
L'Europe n'a pas attendu le XVIIIe siècle pour découvrir l'Extrême-Orient et ses arts mais jusqu'à la fin du XVIIe siècle, c'est l'Antiquité classique qui avait servi de référence aux créateurs, écrivains aussi bien que peintres et sculpteurs.

Au XVIIIe siècle, voici qu'un univers reculé, non plus dans le temps, mais dans l'espace, prend la relève. C'est le règne des " pagodes ", mot qu'il faut entendre dans le sens de petite sculpture représentant une figure un peu grotesque d'inspiration chinoise.

Cet Orient de fantaisie, peuplé d'Occidentaux revêtus d'étranges costumes réputés chinois et japonais, se présente tantôt comme un monde de pure bizarrerie, où règne l'extravagance et l'absurde, tantôt comme un monde idéal, à l'abri des vices et des violences qui déchirent l'Europe.

Bannette, grand feu, Rouen (c) Christophe Petitot-MontevidéoBannette, grand feu, Rouen (c) Christophe Petitot-Montevidéo
Le premier aspect a prédominé pendant la première moitié du siècle, le second a pris le pas après 1750. Avec les Encyclopédistes, la sagesse et la tolérance des Chinois sont alors vantés, en opposition avec la superstition, le fanatisme et la brutalité des Occidentaux. Cette mode a duré jusque dans les années 1770. C'est alors que les Grecs et les Romains ont repris la place d'honneur. C'est de nouveau à Rome, et non plus à Pékin, que l'on est allé chercher des modèles de vertu.

Les Goncourt ont dit de François Boucher, l'un des artistes à avoir le plus brillamment exploité les thèmes chinois, qu'il avait " fait de la Chine une province du rococo ". C'est à cette époque de légèreté et de fantaisie qu'il convient de réserver le nom de chinoiserie.

Les charmants bibelots que l'on a produits alors méritent toute notre attention, car derrière leur futilité se cachent des préoccupations tout à fait sérieuses. À l'inquiétude d'une Europe qui s'est rendu compte qu'elle n'était, ni le centre du monde, ni le seul modèle de civilisation, les chinoiseries apportent une réponse facétieuse, avant que ne se lèvent les orages romantiques.

Extrait de l'introduction par Georges Brunel, conservateur général, directeur du musée Cognacq-Jay

Commissariat d'exposition : Georges Brunel, conservateur général, directeur du musée Cognacq-Jay ; assisté de Valérie Montalbetti, historienne d'art.
Commissariat technique : Gilles Béguin, conservateur général, directeur du musée Cernuschi ; assisté de Hélène Chollet, adjointe de conservation.

Musée Cernuschi, 7 avenue Vélasquez - Paris 8e. Ouvert tous les jours de 10h à 18h sauf les lundis et jours fériés.

Boucher_vig.jpgVoir également le catalogue sur François Boucher et l'art rocaille.


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