Vlaminck, sous l'influence de Van Gogh qu'il déclarait aimer mieux que son père, utilise une technique violente, caractérisée par l'emploi arbitraire des couleurs pures ...

« Je voulais brûler, avec mes cobalts et mes vermillons, l'Ecole des Beaux-Arts et je voulais traduire mes sentiments sans songer à ce qui avait été peint . Quand j'ai de la couleur dans les mains, la peinture des autres je m'en fous : la vie et moi, moi et la vie. En art, chaque génération doit tout recommencer ».

Aucun autre fauve ne rejette autant que lui toute tradition, tout enseignement, toute influence.

Même si ses premières oeuvres sont déjà colorées à l'excès, son fauvisme se fixe définitivement dans les paysages de 1906-1907, Vlaminck cherche la vigueur et la hâte pour exprimer ce qu'il éprouve, de ce fait, il ne peut s'arrêter à des raffinements de langage.

En avril 1906, Ambroise Vollard, le grand marchand d'art, décide d'acheter toute la production actuelle et à venir de Vlaminck. L'artiste n'a plus alors de préoccupations matérielles.

A partir de ce moment là, le fauvisme de Vlaminck s'exprime avec une liberté totale, il n'existe plus de conflit entre son inspiration et sa main. La couleur devient audacieusement arbitraire et surtout souveraine, elle est lumière et espace.

A partir de 1907, la palette de Vlaminck commença à s'éloigner de la fulgurance qu'elle avait connue au cours des années précédentes...

« A travailler ainsi, tube contre toile, on parvient vite à une habileté excessive. Il fallait donc revenir au sentiment des choses, abandonner le style acquis (). Il m'a fallu chercher le caractère intérieur des choses, creuser, sauver le sentiment de l'objet, affirmer fortement son caractère ».

Dès 1908, Vlaminck, le plus véhément des fauves, prend ses distances avec le mouvement ...

« Le jeu de la couleur pure, orchestration outrancière dans laquelle je m'étais jeté à corps perdu ne me contentait plus. Je souffrais de ne pouvoir frapper plus fort, d'être arrivé au maximum d'intensité, limité que je demeurais par le bleu et le rouge du marchand de couleurs ».

Après la période fauve, Vlaminck s'engage dans une voie ouverte par Cézanne. Il retient du peintre provençal de grands principes d'organisation de l'espace, l'abandon de toute référence à la perspective pour traiter la profondeur par un étagement de plans successifs, et une structuration marquée des formes et des volumes.

Il puise dans cette méthode une rigueur et une maîtrise qui lui permettent de devenir, au lendemain de la Première Guerre, un peintre à l'écart de toute tendance, impossible à rattacher à quelque école que ce soit.

Informations pratiques :

 Exposition Maurice de Vlaminck, les années décisives (1900-1914), jusqu'au 14 octobre 2013

 L'Annonciade, musée de Saint-Tropez : Place Grammont, 83990 Saint-Tropez

 Horaires : ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 12h et de 14h à 18h

 Prix d'entrée : plein tarif 6 € / tarif réduit 4 €

 Catalogue d'exposition Maurice de Vlaminck, les années décisives (1900-1914), éd. Snoeck

Commissariat d'exposition : Jean-Paul Monery, Conservateur en chef