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Published on Thursday 19 February 2009
L'exposition Giorgio de Chirico, la fabrique des rêves, montre pour la première fois à Paris, la totalité de son oeuvre, telle que l'artiste l'avait lui-même envisagée. « Dans mon travail, il n'y a ni étapes, ni transitions d'un style à l'autre, comme parfois cela a été affirmé. » (interview de Giorgio de Chirico dans l'Europeo, avril 1970).
L'onirisme, les incongruités et les décalages observés dans l'oeuvre de Giorgio de Chirico ont influencé, dès le début des années 20, le surréalisme naissant, de Magritte, Ernst à Picabia et Eluard. À la suite d'Apollinaire, André Breton voit en l'artiste le démiurge d'une « mythologie moderne » en formation (1920), initiateur secret du surréalisme.
L'exposition s'ouvre sur des oeuvres de 1909 marquées par sa formation artistique à Munich et l'école romantique allemande du XIXe siècle, l'oeuvre d'Arnold Böcklin et Max Klinger notamment (Le Combat des Centaures), et les premiers portraits et autoportraits (Portrait d'Andrea, Figure métaphysique).
Une suite de compositions architecturales montre ensuite « une peinture à l'état de crise » (Flouquet, 1928). Les énigmatiques places d'Italie, tours, bassins, trains en marche et pourtant immobiles, et les statues silencieuses, engagent le visiteur dans « un monde qu'on visite pour la première fois » (Ribemont-Dessaignes, 1926).
Désormais occupé par la technique picturale, l'alchimie des maîtres du passé et la « belle matière », Chirico se fait « dépaysagiste » (Jean Cocteau) : meubles hors échelle ou fruits déplacés dans des paysages de ruines (Meubles dans la vallée, Nature morte aux tomates).
Longtemps restées dans la collection de l'artiste, ses multiples copies inventoriant les grandes traditions et les techniques picturales au depuis Lotto, Michel-Ange, Titien, Rubens, Fragonard jusqu'à Courbet au composent un « musée imaginaire ». Une section réunit des compositions de sa période baroque inspirées par les poèmes de L'Arioste, par la mythologie, dans lesquelles, Isabella, sa nouvelle épouse, devient Angélique, ou Diane chasseresse.
Les années 40 s'ouvrent à des répétitions sérielles, des « replays », à partir de ses oeuvres antérieures (Ariane, Les Muses inquiétantes, Trouvères) qui ont fasciné Andy Warhol. Max Ernst voyait Chirico détruire « jusqu'à la valeur commerciale de ses oeuvres les plus anciennes », et « comme Rimbaud, Lautréamont, Duchamp, s'acheminer vers un patient travail d'autodestruction ».
Les ultimes compositions opèrent une synthèse des thèmes et des techniques d'un Gran Gioco (1975) provocateur et kitsch, telles ces rencontres du soleil et de la lune, ou les Bains mystérieux, viennent clôre la sélection.
Informations pratiques
Musée d'Art moderne de la Ville de Paris : 11 avenue du Président Wilson, Paris 16e.
Accès : Métro Alma-Marceau ou Iéna. RER C Pont de l'Alma. Bus 32, 42, 63, 72, 80, 92.
Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Nocturne le jeudi jusqu'à 22h
Tarif : 11€, tarif réduit : 8€, tarif jeunes (13-26 ans) : 5,50€. Gratuit pour les moins de 13 ans
Catalogue d'exposition : Giorgio de Chirico, la fabrique des rêves, éditions Flammarion