Bonnard découvre les estampes japonaises dans sa jeunesse. L’exposition d’estampes japonaises à l’École des Beaux-arts au printemps 1890 est une véritable révélation pour lui. Il se détourne dès lors de la représentation du réel et adopte de nouveaux principes esthétiques comme la souplesse des mouvements, le contraste des couleurs, les lignes en arabesques, le goût prononcé du décor et des éléments stylisés, ou encore l’aplanissement de l’espace.

A cette époque, le jeune peintre poursuit sa formation artistique à l’atelier Julian et forme avec Paul Sérusier, Édouard Vuillard, Maurice Denis et Paul-Élie Ranson le premier noyau du groupe des Nabis. Les Nabis cherchent à renverser le carcan des certitudes académiques et se réunissent chaque semaine pour discuter des théories et des principes d’un art nouveau.

La découverte des estampes japonaises va apporter un nouvel éclairage bouleversant sur la représentation de la réalité. Ces images, composées d’aplat de couleurs sans ombre ni modelé et dépourvues de détails, révèlent à Pierre Bonnard la puissance de la couleur comme moyen d’expression.

« J’avais compris au contact de ces frustes images populaires que la couleur pouvait comme ici exprimer toutes choses sans besoin de relief ou de modelé. Il m’apparut qu’il était possible de traduire lumière, formes et caractère rien qu’avec la couleur ».

Dès lors, son style est véritablement empreint de japonisme, Bonnard collectionnera des estampes jusqu’à la fin de sa vie comme en atteste une note dans son carnet de comptes concernant l’acquisition de rouleaux d’estampes japonaises en 1946.

Bonnard partage avec les grands maîtres de l’estampe japonaise une sensibilité aux êtres, à la nature, et aux animaux ainsi qu’un même intérêt pour la représentation de la vie quotidienne et pour l’hédonisme. Loin d’être sous l’influence d’un engouement passager, il japonisera jusqu’à la fin de sa vie en intégrant les grands principes de la philosophie nippone, comme l’intérêt pour l’observation du monde et la réflexion sur la brièveté de la vie humaine en opposition au cycle toujours recommencé de la nature.

Informations pratiques :
• Catalogue d'exposition Bonnard et le Japon, éd. In Fine
• Hôtel de Caumont : 3, rue Joseph Cabassol 13100 Aix-en-Provence
• Ouvert tous les jours de 10h à 19h.
• Visite du centre d'art + exposition temporaire Plein tarif : 15,5 € - Tarif réduit : 12,5 € - Tarif jeune (7-25 ans) : 10 € - Offre famille (2 adultes + 2 jeunes) : 45 €

Commissariat d'exposition : Isabelle Cahn est historienne de l’art, conservatrice générale honoraire des peintures du musée d’Orsay et spécialiste de l’art de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Scénographie : Hubert le Gall, designer français, créateur et sculpteur d’art contemporain.