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Revue Médium N°27 - avril-mai-juin 2011

Médiologie - Publisher Editions Babylone - Broché - Text in Français - Published in avril-mai-juin 2011

Revue trimestrielle dirigée par Régis Debray. Sommaire : Le secret du « Secret de maître Cornille »  par Jean-Pierre Dautun ; Le numérique contre les maths  par Jean-Yves Chevalier ; Sur la rumeur  par Jean-Luc Évard ; Du bon usage du passé  par Albert Lévy ; Mainstream en questions  Rencontre avec Frédéric Martel ; Soft power : l’apprenti sorcier  par François-Bernard Huyghe (...).

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Model 1600000160002
Artist Médiologie
Author Sous la direction de Régis Debray
Publisher Editions Babylone
Format Broché
Language Français
Dimensions 190 x 170
Published avril-mai-juin 2011


Le secret du « Secret de maître Cornille »  par Jean-Pierre Dautun
La médiologie peut tenir quelques textes du passé pour précurseurs de ses préoccupations : sortes de leçons préinaugurales. Ainsi du célèbre chapitre de Notre Dame de Paris, « Ceci tuera cela », où Hugo fait entrevoir le remplacement du livre de pierre des cathédrales par le livre de papier. Voici un autre de ces textes antémédiologiques : Le Secret de maître Cornille, d’Alphonse Daudet.
Histoire simple, simplette ; que Daudet lui-même appelle un « petit drame de village » et dit lui avoir été rapporté par « Francet Mamaï, un vieux joueur de fifre ». Régionalisme, folklorisme de santons de la crèche, et d’une mièvre innocence assez bonne pour les enfants, du moins ceux du temps des livres, il y a deux générations. Notons qu’au cas où ils auraient eu (déjà) la paresse de lire on a eu soin très vite d’en faire un des textes à écouter, sur disque, lu par Fernandel. Digne messager du message, quand le message tente de changer de médium pour continuer à passer. Admettons qu’elles soient patrimoniales, comme les traditions parfumées à la lavande. Mais pourquoi aller chercher quatorze heures à ce midi-là ? (Suite de l’article dans Médium 27.)
Jean-Pierre Dautun est professeur de lettres, puis publicitaire au XXe siècle. Hors caste et peu situable depuis. Auteur de Chroniques des non-travaux forcés, Flammarion, et de Testez et développez votre stupidité sans peine, J’ai lu.
 
Le numérique contre les maths  par Jean-Yves Chevalier
La « société du numérique » est celle des nombres, et donc, a priori, celle des mathématiques. Or l’enseignement de celles-ci est en crise, et les amphithéâtres des universités dans cette discipline sont clairsemés. On interroge le paradoxe : ce conflit de préséance entre l’effet et la cause.
À qui veut avoir une idée exacte de l’importance respective des différentes disciplines proposées dans l’enseignement supérieur français, on suggérera d’éviter la lecture des rapports officiels de l’Éducation nationale et on conseillera une visite à la librairie Joseph Gibert, boulevard Saint-Michel, à Paris. Les emplacements des différentes disciplines, la taille des tables sur lesquelles sont exposées les nouveautés, sont aussi précisément circonscrits que les espaces dévolus aux différentes chapelles chrétiennes dans l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem. Mais cette répartition n’est pas ici figée par un traité de 1878, elle est soumise à la dure loi de l’offre et de la demande, et fluctue donc au gré des programmes et des priorités d’investissement des étudiants (du moins tant que ceux-ci investissent encore dans des livres, il faudra bientôt trouver un autre instrument de mesure). Quand j’ai commencé mes études supérieures, dans les années 70, un étage entier était réservé aux mathématiques, l’informatique étant quasi absente. Aujourd’hui, le dernier étage, sous les combles, le seul non accessible par un escalator, abrite le rayon « Sciences-Informatique-Médecine ». Une fois montées en pénitence les douze marches, on s’aperçoit que la moitié de l’espace est occupée par la médecine, le reste se partageant en mathématiques, physique, chimie et informatique. (Suite de l’article dans Médium 27.)
Jean-Yves Chevalier est professeur de mathématiques en classe préparatoire aux grandes écoles au lycée Henri-IV, à Paris.
 
Sur la rumeur  par Jean-Luc Évard
En vidéosphère, les rumeurs – leurs noms sont légion – jettent une ombre, celle du parasite, de la communication déraillée, de la panique en puissance. À l’encontre de ce prude préjugé, on tente ici leur éloge raisonné : débrouillons les figures de la rumeur, écoutons leurs timbres sans code, explorons leurs nappes acoustiques.
Inhumaine, la science ? Non, sans doute. Les sciences du langage ? Sans aucun doute.
Inhumaines ? Pis : trop humaines, puisque inaptes à entendre, outre les trois pronoms personnels, la quatrième personne qui, clandestine, ne cesse de parler en nous, de peupler nos phrases et d’y faire proférer – leurs noms sont légion – les puissances, les potentiels du bruit, du cri, du son et du silence. La quatrième personne ? Il y a, il faut, il pleut, il ne sera pas dit : insignifiante et indigente dans la langue française (présente, mais par le détour contraint d’un emprunt au troisième rang pronominal), voilà bien sa trace par défaut, et dont doit se dire, pour la présenter : par elle s’adressent à nous toutes les puissances d’être inaptes à notre langage articulé mais ni à l’intelligence ni au pouvoir de signifier. Nous parlons d’elles, elles ne peuvent pas nous parler. Cette inégalité de puissance expressive et cette moindre puissance syntaxique les distinguent définitivement de notre régime, que caractérise avant tout d’être de vive voix une convivialité d’interlocuteurs s’adressant les uns aux autres, s’interpellant ou se citant grâce à la grammaire trinitaire du verbe qui ne se décline qu’à trois pronoms comme si à nous seuls nous représentions du coup le monde tout entier. Or le reste, le reste du monde où nous sommes le seul animal qui parle, est donc voué, pour se faire entendre (puisque, y vivant et lui vivant en nous, nous ne cessons d’interagir avec lui), à la quatrième personne, que connaît non la grammaire mais la poésie, mise, en Occident, sous le patronage d’Orphée en qui les langages du vivant n’en font qu’un. (Suite de l’article dans Médium 27.)
Jean-Luc Évard est germaniste et traducteur. Publications portant sur la Révolution conservatrice allemande, Éditions de l’Éclat et du Rocher. La question des relais de l’autorité oriente aujourd’hui ses recherches.
 
Du bon usage du passé  par Albert Lévy
Quel est le sens de ces retours en arrière qu’on observe dans l’histoire ? Que signifient ces ressourcements dans le passé ? Qu’il s’agisse, pour l’Occident d’hier, de sa fascination pour l’Antiquité ou différemment, pour le peuple juif d’aujourd’hui, pour son attraction pour Sion.
Quelles significations revêtent ces marches rétrogrades dans le temps ? Quelle place et quel rôle jouent-elles dans les processus de quête identitaire, mais aussi de création et d’innovation ? Pourquoi ces réactions archaïsantes et ce besoin de revenir aux sources, ce retour aux temps premiers ? Est-ce un recul ou un progrès ? Rénovation, renaissance, restauration, résurrection, régénération, revival…, tous ces termes, toute cette rhétorique en re, sont-ils synonymes ? Ces retours, réactivation d’une pulsion archaïque, sont-ils les mêmes à toutes les époques ? Si les « classiques » ont été à la recherche d’un passé idéal perdu, d’un âge d’or révolu, les « romantiques », à la suite de Rousseau, sont allés à la recherche d’un paradis perdu, d’une pureté originelle évanouie : ils ont tous été guidés par la nostalgie de la perte d’un temps mythique ou d’un espace idyllique à retrouver, dans tous les cas, un manque à combler. (Suite de l’article dans Médium 27.)
Albert Lévy est architecte de formation, docteur en études urbaines, chercheur au Laboratoire Architecture, Ville, Urbanisme, Environnement, UMR/CNRS 7218, membre du comité de rédaction de la revue Espaces et Sociétés. Il prépare pour 2011 des ouvrages sur les rapports entre urbanisme et médecine, Ville santé urbanisme : les trois révolutions, Éditions Pascal-Mutualité française, et sur les relations entre architecture et récit, Les Machines à faire-croire, II : la Madeleine et le Panthéon, Éditions Economica-Anthropos.
 
Mainstream en questions  Rencontre avec Frédéric Martel
La médiologie a plusieurs affinités avec les enquêtes sur cette culture « qui plaît à tout le monde » et vise à la moyenne. Notre rencontre ou confluence avec Frédéric Martel n’est donc pas un hasard.
Rappelons votre thèse principale : chacun vit aujourd’hui dans deux cultures, la sienne, nationale, qui ne se défend pas si mal d’après votre enquête, et puis, de même qu’on peut avoir une deuxième langue, on accède aussi à une deuxième culture, l’américaine, qui a une vocation mondiale. Pouvez-vous, pour commencer, nous rappeler quelles sont selon vous les clés, complexes, de cette hégémonie américaine ? Autrement dit, les particularités qui donnent aux États-Unis cette culture à vocation « universelle » ?
Je parle comme chercheur et comme journaliste de terrain, ma seule légitimité est celle de mon enquête. Mainstream est le produit de cette enquête, faite pendant cinq ans, dans trente pays et à partir d’entretiens avec près de mille deux cents acteurs des industries créatives et des médias sur cinq continents. Je ne suis pas dans l’idéologie, je pars avec des hypothèses, peu nombreuses, pour me laisser surprendre, et mieux apprendre de mes interlocuteurs. J’ai voulu sortir de l’essai à la française, et je ne me reconnais guère dans les sociologues qui s’inquiètent de la mondialisation culturelle et du basculement numérique depuis leurs salons parisiens – discours incantatoire et anxiogène, souvent superficiel. En cela, je dépolitise assez largement le sujet et je décentre le regard français. C’est ce qui me vaut des critiques – de l’extrême gauche antimondialiste, des critiques de cinéma obnubilés par l’art et essai, de la droite nationaliste façon Éric Zemmour ou Renaud Camus. (Suite de l’article dans Médium 27.)
Frédéric Martel est chercheur et journaliste, il anime « Masse critique » sur France Culture. Il dirige le site Nonfiction.fr. Il a notamment publié : Le Rose et le Noir. Les homosexuels en France depuis 1968, Seuil, 1996 ; Theater. Sur le déclin du théâtre en Amérique, La Découverte, 2006 ; De la culture en Amérique, Gallimard, 2006 ; Mainstream. Enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde, Flammarion, 2010.
 
Soft power : l’apprenti sorcier  par François-Bernard Huyghe
Toute puissance politique a besoin de stratégies d’influence. Quand l’État américain se dote de moyens de séduction, médias et réseaux, il s’expose parfois à des surprises.
Les mots soft power apparaissent en 1990. Le doyen Joseph Nye lance le terme dans Bound to Lead (« contraints de diriger »), un livre sur la nature « changeante » du pouvoir d’une Amérique, seule hyperpuissance. Ou plutôt sur la synergie de ses trois pouvoirs : prédominance dans le domaine politico-militaire et économico-technologique plus prééminence idéologico-culturelle. Une stratégie efficace doit exploiter les symboles auxquels sont associés les États-Unis (de l’entertainment aux valeurs morales) et multiplier ses soutiens. Le pouvoir « doux » repose sur la séduction des produits culturels, sur l’attraction de l’american way of life – prospérité et liberté –, sur l’exemplarité d’un projet éthique, mais aussi sur des réseaux proaméricains. Il s’agit de favoriser tout ce qui renforce l’aura des États-Unis et de multiplier les alliés et les soutiens. (Suite de l’article dans Médium 27.)
François-Bernard Huyghe est docteur d’État en sciences politiques. Il dirige des recherches en sciences de l’information et de la communication. Médiologue et spécialiste des stratégies de l’information, il est expert à l’IRIS. Dernier ouvrage : Maîtres du faire croire. De la propagande à l’influence, Vuibert, 2008.
 
Biographier Derrida  par Daniel Bougnoux
Les biographies sont à la mode : impatients de parler d’écrivains dont les livres ne nous soucient plus guère, curieux de raccourcis plus vrais que les détours de la fiction, nous lisons plus volontiers les auteurs selon leurs vies que dans leurs œuvres. Benoît Peeters n’a pas écrit une biographie de plus, il aiguise la question du biographique comme genre (notamment dans le journal qui l’accompagne). Quelles conséquences d’une vie à ses traces ?
Les fidèles de Derrida (dont je fais partie) n’ouvriront pas le gros livre que Benoît Peeters vient de lui consacrer sans un plaisir mêlé d’appréhension : satisfaction de voir leur auteur, jusqu’ici disséminé en quelque quatre-vingts ouvrages, enfin rassemblé dans un seul, là, sur la table, désormais disponible ; crainte aussi de ne pas y retrouver leur Jacques ou Jackie : la mise en récit d’une vie ne risque-t-elle pas, dans le cas d’un « penseur », d’en minimiser les véritables péripéties, qui se tiennent du côté des concepts ou dans la genèse des livres ? On peut bien retracer les années d’école, les voyages et jusqu’à un certain point les amours, mais la naissance de la grammatologie, ou de la différance ? L’accent mis sur le racontable risque d’éclipser l’essentiel aux yeux du philosophe, qui suspectera toujours l’anecdote de nourrir une curiosité déplacée. (Suite de l’article dans Médium 27.)
Daniel Bougnoux est professeur émérite à l’université Stendhal de Grenoble.
 
La frontière, et après ?  par Pierre Murat
La notion de frontière, enracinée dans la tradition occidentale, ne saurait impliquer les cultures dites orientales. Le monde de la conscience intime et celui des grands mystiques ne seraient-ils pas hors limites ?
Les naïfs ne s’étonnent pas de cette « plaisante justice que borne une rivière ». Ils se rassurent même de voir des frontières circonscrire leur monde, et ils ont raison : elles protègent leur enclos et sont donc à défendre. Viennent ensuite les contestataires, ces idéalistes qui se croient malins, tels un Rousseau dénonçant ce premier homme qui, ayant borné un terrain qu’il travaillait, s’avisa de dire « Ceci est à moi » et enclencha tant « de crimes, de guerres et de meurtres », ou un Michel Serres qui, décelant du malpropre dans le « bien propre », voit l’appropriation se fonder sur le sang d’une victime sacrifiée ou sur la pisse, à la façon des animaux qui arrosent leur territoire pour le délimiter. Voilà de quoi profaner l’idée de templum, ce découpage fondateur de l’espace sacré, de quoi aussi donner envie de dépasser cette mentalité de paysans arpenteurs qui conduisait les Romains à honorer le dieu Terme et leur faisait interdire de déplacer les bornes des champs. Déplaçons-les donc sans scrupules, répliqueront les envahisseurs. (Suite de l’article dans Médium 27.)
Pierre Murat est agrégé de lettres et historien d’art.
 
L’autorité à l’école  par Agnès Rivolier, Florence Vallot et Philippe Vernusse
Démonter la boîte noire de l’autorité dans une classe au lieu de baisser la tête devant un mystère. Tel est le pari réussi de trois professeurs des écoles réfléchissant sur leur pratique.
L’autorité ne se dévoile pas d’emblée. Elle apparaît comme un phénomène rétif, difficile à observer directement, dans sa singularité et sa matérialité. Tel un trou noir, elle nous repousse dans ses marges, et nous oblige à l’explorer dans sa périphérie, son environnement immédiat, ses contours, sans qu’on puisse discerner son fonctionnement interne. La définition « en creux » qu’en donne H. Arendt est, sur ce point, éloquente. C’est ainsi, « il faut se résoudre à ce qu’il y ait un mystère de l’autorité (1) ». (Suite de l’article dans Médium 27.)
Florence Vallot est professeur des écoles. Elle a été membre du groupe de recherche de l’IUFM de Lyon « Autorité : corps, parole, image ».
Agnès Rivolier est professeur des écoles, maître formateur. Elle a assumé la responsabilité du groupe de recherche de l’IUFM de Lyon « Autorité : corps, parole, image », et prépare actuellement une thèse de doctorat : « Entre théologie, philosophie et politique : éléments pour une anthropologie historique de l’autorité pédagogique ». Elle a publié « Le charisme : entre magie et communication », Télémaque, n°35, mai 2009.
Philippe Vernusse est ingénieur INSA (1987) et docteur en physique des matériaux (1992). Il est professeur des école et a été membre du groupe de recherche universitaire de l’IUFM de Lyon « Autorité : corps, parole, image ».
 
La prière assistée par ordinateur  par David Douyère
Des monastères et communautés religieuses chrétiennes conçoivent des « diaporamas » numériques dédiés à la prière. Proposant une méditation multimédia, mêlant icônes, images de piété, chants liturgiques, citations de la Bible et prières, ils accompagnent le croyant dans une méditation spirituelle, et l’introduisent à une compréhension de la tradition. Prière assistée par ordinateur : la technique sert ici à entrer en relation avec Dieu.
Ce diaporama est une prière, prendre son temps pour contempler les images et écouter le chant d’adoration » ; « Ce diapo est une prière, prendre son temps avec jésus pour monter à Jérusalem ». Les avertissements glissés au début des PowerPoint Nuit au tombeau et Semaine sainte des sœurs bénédictines de l’abbaye de Sainte-Marie-des-Deux-Montagnes (2), au Québec, ou encore l’incipit du diaporama de prière du cœur consacré au Saint-Nom de Jésus – « Ce diaporama est une prière en l’honneur du nom de jésus. À le prononcer, on s’enflamme pour lui », tandis que s’élance un suave chœur litanique –, nous indiquent que nous ne sommes pas en présence de PowerPoint ordinaires, semblables aux présentations d’entreprise ou de l’armée, mais de « prières méditatives en diaporama ». Ne cliquez pas trop vite, nous signifient ces avertissements, car c’est d’un temps de Dieu, d’un temps intérieur, encouragé et accompagné par l’Église, qu’il s’agit ici. De ce temps, on attend un effet, l’entrée dans la prière, la mise en présence de Dieu. « Dieu saint, Dieu fort, Dieu immortel, aie pitié de nous ! » s’affiche en grandes lettres sur l’écran, autour du torse d’un Christ en croix (« Nuit au tombeau »). S’ouvre alors un espace temporel et visuel pensé comme un espace de méditation, une méditation techniquement assistée, une prière assistée par ordinateur. (Suite de l’article dans Médium 27.)
David Douyère est maître de conférences de sciences de l’information et de la communication à l’université Paris XIII, à Villetaneuse. Chercheur au Labsic, il a étudié le partage de connaissances en entreprise dans le domaine des risques et de la santé au travail, les projets de transformation sociale par les encyclopédies, et travaille sur la communication chrétienne catholique.
 
Le couvre-chef  par Paul Soriano
Le chapeau orne un chef en même temps qu’il le protège des intempéries. Mais il a bien d’autres utilités et significations.
Dans couvre-chef, chef doit être pris au sens propre (la tête) et aussi au sens figuré, le chef, le maître, le père, le juge et leurs avatars. Il s’agit donc d’un objet médiologique par excellence : en général, la fonction pratique semble originelle, et les fonctions esthétique et identitaire ou symbolique en dérivent et s’en écartent au fil du temps, jusqu’à s’en affranchir totalement, comme on le constate quand le couvre-chef est à l’évidence dépourvu de toute nécessité protectrice. (Suite de l’article dans Médium 27.)
Paul Soriano, après avoir dirigé un institut de prospective, est actuellement chargé de mission à la direction de la stratégie du groupe La Poste.
 
 

BONJOUR L’ANCÊTRE
Claudel, médiologue de la ville ? Par Robert Damien
Réfléchir philosophiquement sur la ville implique de constituer la ville comme concept médiologique. Dans le cadre de ce travail, Paul Claudel peut apporter beaucoup tant il surprend et innove.
Certes, d’autres poètes du XIXe et du XXe siècle pourraient être privilégiés car ils ont célébré la modernité urbaine, industrielle et technique, du Rimbaud des Illuminations jusqu’à Zone d’Apollinaire en passant par Baudelaire ou Aragon et bien d’autres. Tous, selon des registres différents et à des titres divers, développent une exaltation lyrique et invocatoire de la nouvelle puissance humaine qu’incarne la ville comme nouvel ordre social libéré des tutelles naturalistes et religieuses. Elle est le siège d’une métamorphose politique qui transforme la ville en cité et l’homme urbain en citoyen. Le poète ne peut que saluer cette euphorie. (Suite de l’article dans Médium 27.)
 
 

SALUT L’ARTISTE
Bernard Plossu, l’autorité du flou, par Monique Sicard
« On a voulu faire de moi le symbole du gars qui fait des flous mais je fais aussi des photos nettes. » « On a dit que j’étais un photographe méditerranéen mais je photographie partout, par tous les temps. » Bernard Plossu casse les catégories et les enfermements. Il aime les trucs, les expériences, les amis, la vie. Ce qu’il est : un chercheur de bouts du monde, luttant contre le convenu, se lançant dans la course à la démythification. De fait, Le Jardin de poussière, collection singulière d’une vingtaine de photographies petit format – 11,4 x 7,6 – aux gris superbes et d’une netteté quasi précieuse, en hommage ou référence aux daguerréotypes des débuts, côtoie les flous des corps, des trains, des dunes, des camions, des cow-boys et des cimetières de voitures. À peine étions-nous habitués aux tremblements que Plossu lançait une nouvelle provocation : après tant de vibrations, le contemplatif et la précision dérangent. (Suite de l’article dans Médium 27.)
 
 

DEUX OBJETS
Le sac à dos, par Guy Bordes
Rien n’est plus drôle, pour qui considérait jusque-là cet accessoire comme exclusivement lié à l’image du campeur ou du randonneur, que de voir le sac à dos se répandre sur les trottoirs de nos villes et dans les rues de nos villages. Cela a commencé par les plus jeunes, qui ont fait de cet objet, tenu pour un ustensile peu élégant à usage sportif, un signe de contre-culture, une mode. Mécanisme classique qui fait du détournement d’un objet jugé jusque-là inesthétique, voire trivial, une icône sociale à fin de reconnaissance et d’homogénéisation. (Suite de l’article dans Médium 27.)
Guy Bordes est ancien enseignant. Rédacteur au mensuel L’Ours. Collaboration aux revues Brèves, Borgborymes, L’arbre à palabres comme auteur de nouvelles. Et aux revues Plein chant, Marginales, Recherches socialistes comme critique et publiciste.


Le container, par Christian Cavaillé
Le mot (d’un anglais globish) et la chose (liée à la globalisation) impressionnent autant que ceux et celles de cargo, tanker, B 52. Le mot recommandé en français, « conteneur », qui est un anglicisme, affaiblit d’autant plus la rudesse de l’original dont il dépend qu’il évoque les poubelles en plastique dans lesquelles on entend tomber et s’entrechoquer les boutanches vides. (Suite de l’article dans Médium 27.)
Christian Cavaillé a enseigné la philosophie de 1967 à 2003. Il a publié : Philosopher depuis Montaigne et après Wittgenstein. Instances des essais, (L’Harmattan, « La philosophie en commun », 2008).
 
 

PENSE-BÊTE (7), par Régis Debray
Courts-circuits
Tapis neigeux, tapis volant. Un brusque revêtement de blanc, au seuil de l’hiver, sur un jardin, une cour, un parc, nous fait remonter le temps en vol plané, dans un dépaysement éclair qui tient des Mille et Une Nuits. (Suite dans Médium 27.)
Intempérances
Lecture alternée des Carnets de la drôle de guerre de Sartre et du Soixante-dix s’efface, le journal de Jünger. Deux œuvres dignes de la plus sincère admiration, mais le chassé-croisé laisse rêveur. (Suite dans Médium 27.)
Perversion
La bombe atomique, acmé d’une politique de défense et ruinant l’esprit de défense en contrebas, chez les simples citoyens ; la télévision qui, déjugeant son préfixe, nous empêche de voir ce qui, quoique aussi réel qu’une personne morale, ne tombe pas sous le sens ; le virtuel qui, unifiant la planète dans les mêmes standards de communication, suscite en retour toutes sortes de particularismes revanchards. (Suite dans Médium 27.)
Frontières
Séjour à Gaza, en compagnie de Stéphane Hessel et de Martine Brousse pour La Voix de l’enfant. Dans la rubrique « frontières, travaux pratiques », l’entrée dans ce ghetto est une épreuve des plus instructives. (Suite dans Médium 27.)
Ardentes Ardennes
Pèlerinage dans les Ardennes, ce doigt enfoncé dans le ventre de la Belgique, en compagnie du géographe Jean-Louis Tissier et de l’historien Yann Potin. Tous membres de la société Gracq – Jockey-Club plébéien mais qui a ses exigences, notamment topographiques. (Suite dans Médium 27.)
Les deux moitiés du programme
On ne devient géographe que vers soixante-dix ans », aurait dit Vidal de La Blache au soir de ses jours. Tout espoir n’est donc pas perdu, mais j’ai tant à rattraper que je doute pouvoir jamais remonter la pente (le « que de temps perdu » est l’antienne des crépuscules). (Suite dans Médium 27.)
La décomposition des corps
Lever de boucliers dans la Cité savante devant le projet d’une Maison de l’histoire de France. Venant d’un président de la République qui aime l’histoire autant qu’un sourd la musique, ou un rocker, madame de Lafayette, on peut comprendre l’instinctif rejet d’une idée poussée à l’ombre de ce mancenillier. Pierre Nora l’a publiquement et justement remise à sa place, foireuse. Mais la source empoisonnante – à tout le moins contre-indiquée – ne saurait à elle seule expliquer l’allergie des chercheurs. (Suite dans Médium 27.)
Appel aux neurobiologistes
Un obstacle trop négligé à la transmission culturelle : le déplacement des points de douleur d’une génération à la suivante. (Suite dans Médium 27.)
Atterrissage
On peut tenir pour une disgrâce imméritée que le dernier des arts, dans l’ordre historique d’entrée en scène, la littérature, soit le premier à dégringoler de nos Olympes. Toutes les Muses n’étaient donc pas logées à la même enseigne ? Sculpture, musique, peinture, danse, spectacle – se portent et nous transportent mieux que la littérature. (Suite dans Médium 27.)
Résipiscence
On nous cache tout. Depuis vingt-huit ans, il était entendu qu’il ne se passait rien de bien scandaleux en Tunisie. Qu’on pouvait en tout bien tout honneur aller se baigner l’hiver à Djerba, boire le thé au pignon sur les terrasses de Sidi Bou Saïd en compagnie de nos plus fins esprits et colloquer à Hammamet avec nos collègues universitaires. (Suite dans Médium 27.)

Comité de rédaction :

Directeur : Régis Debray
Rédacteur en chef : Paul Soriano
Secrétariat de rédaction : Isabelle Ambrosini
Comité de lecture : Pierre-Marc de Biasi ; Jacques Billard ; Daniel Bougnoux ; Pierre Chédeville ; Jean-Yves Chevalier ; Robert Damien ; Robert Dumas ; Pierre d’Huy ; Michel Erman ; Françoise Gaillard ; François-Bernard Huyghe ; Jacques Lecarme ; Hélène Maurel-Indart ; Michel Melot ; Louise Merzeau ; Antoine Perraud ; France Renucci ; Monique Sicard.  

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