Si Pierre Lahaut est un peintre qui s'inscrit et qui compte dans l'histoire de l'art de Belgique, il est aussi un électron libre, captant les évolutions de la peinture pour les modeler à son unique volonté.
Toute son oeuvre en témoigne: depuis ce tableau au destin mystérieux, Les Oignons roses, fausse nature morte, en passant par les abstractions sombres des années soixante, puis par le minimalisme poétique qu'il appelle « hyperréalisme», pour arriver à une peinture ludique, lointaine et secrète héritière du surréalisme qui ramollissait et transformait les objets.
Pierre Lahaut joue à se faire peur, et dans sa peinture l'équilibre est fragile, l'opaque devient transparent, l'instable triomphe, mais en douceur, et s'il y a violence, elle sera secrète, car ici, tout est finesse : variations dans la répétition, variations pour mieux avancer vers ce quon pourrait nommer « liberté ».
Pierre Lahaut est né à Etterbeek à Bruxelles le 30 avril 1931. Il fait des humanités scientifiques à Bruxelles et suit parallèlement des cours de peinture dans une académie privée à Ixelles. Il vit à Bruxelles jusqu'en 1958 et dans le Namurois jusqu'en 1960. Il part ensuite à Paris travailler quelques années dans l'atelier du graveur Hayter où sa famille le rejoint. En 1957, il est membre du groupe « Jeunes Figuratifs Belges » et est cofondateur du groupe. Il a enseigné le dessin à l'athénée royal de Namur et à l'école moyenne de l'État à Welin en 1960 et 1961 ainsi qu'à l'école Saint-Luc à Mons de 1963 à 1965. En 1969, il est nommé professeur chargé du cours de dessin et imagination graphique à l'ENSAV de la Cambre où il crée en 1980, avec l'appui de Robert Delevoy, l'Atelier de dessin et de stimulation graphique. En 1967, il est élu membre de l'académie Picard (libre académie de Belgique) ; depuis 1993, il est membre de la Commission consultative des Arts plastiques de la Communauté française et il est nommé professeur honoraire en septembre 1995. Artiste et enseignant, il considère son travail d'enseignant comme un prolongement de son travail de création et participe très activement par ses expositions personnelles et ses nombreuses expositions collectives à la vie culturelle du pays et à des manifestations à l'étranger.
Ses oeuvres ont fréquemment été exposées à Bruxelles, Anvers, Paris et Berlin et sont présentes dans de nombreux musées, tant en Belgique qu'à l'étranger (Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Musée d'Art moderne de Bruxelles, Musée national d'Art moderne de Paris, Musée des Beaux-Arts d'Ixelles, Musée d'Art moderne d'Ostende). Il a reçu de nombreux prix: distinction Jeune Peinture Belge en 1958 et 1959, premier prix au concours Berthe Art organisé par la Direction générale des Beaux-Arts et lettres en 1965, prix Jos Albert en 1990. Il vit entre Paris et la Dordogne depuis une dizaine d'années.