L'univers du vase grec au musée du Louvre

Ces vases sont présents dans de nombreuses sphères d'activité de la vie quotidienne grecque, pour le stockage, la toilette ou les rituels. La production, les techniques, les formes et l'iconographie sont également examinées.

Servi par une superbe iconographie (photographique et graphique), jalonné d'encadrés conçus comme des échappées littéraires et culturelles, cet ouvrage ambitieux, mais dont la dimension pédagogique et esthétique est fortement affirmée, s'adresse à un public varié au-delà du chercheur, de l'étudiant et de l'amateur éclairé.

Les descriptions ainsi que les synthèses étayées par des exemples précis, puisés essentiellement dans la collection du Louvre, confèrent un aspect concret et vivant au livre, propre à éclairer la production des vases grecs et la civilisation qui les a vus naître. Car ces objets étaient présents dans presque toutes les sphères d'activité de la vie quotidienne : ils étaient utilisés au banquet, mais aussi en offrande aux dieux, pour accompagner/honorer les morts, etc.. Outre leur fonction pratique, ils témoignent d'un plaisir particulier des Grecs pour les images, les histoires et la figuration. C'est ce rapport vivant, intime et familier à l'objet qui diffère radicalement de la distance frontale instaurée par le musée que ce livre invite à recréer.

Les deux premiers chapitres renouvellent l'approche des techniques et des formes. Comment fait-on un vase grec ? Comment s'orienter à l'intérieur du répertoire foisonnant des techniques picturales et des formes ? Dans le chapitre II, qui reprend la question épineuse des noms des vases, les formes sont classées chronologiquement du VIIIe au Ier siècle av. J.-C. et par grandes catégories : les vases du service du vin (cratères pour le mélange, vases à verser et vases à boire), les vases de stockage, les vases pour la toilette et les vases rituels. Les dessins de profils, fondamentaux dans la recherche actuelle, complètent l'illustration de cette section. Les quatre chapitres suivants sont consacrés aux images dont la richesse est une spécificité de la céramique grecque. Contrairement à bon nombre de manuels où l'iconographie est traitée à part, nous avons souhaité l'aborder en croisant l'intérêt du grand public pour la mythologie grecque et une démarche méthodologique rigoureuse et actuelle. Le chapitre III « La culture hésiodique et homérique entre poésie et images : des puissances primordiales au règne des Olympiens » présente dans le temps les mythes de souveraineté à l'origine du panthéon grec. Dans cette confrontation des sources textuelles et iconographiques, les questions de méthode sont fondamentales. La notion discutée d'attribut dans le processus d'individualisation des dieux montre comment les signes circulent à l'intérieur du panthéon et permet de mieux évaluer l'originalité des peintres qui disposent d'une grande liberté et de moyens très différents de ceux des poètes. S'intéresser au processus de représentation et de nomination des dieux en image revient à s'interroger sur la façon grecque de penser le polythéisme. Le chapitre IV « La guerre de Troie » examine des épisodes attestés dans l'Iliade ou d'autres cycles épiques et souvent revisités, ou bien inventés par les peintres. Le chapitre V « L'armement et la guerre. Mythes et réalités » ouvre sur un univers d'images aussi bien génériques que mythologiques qui revisite un thème fondamental au cœur de la civilisation grecque fondée sur l'agôn (le concours). Le chapitre VI intitulé « La géographie mythologique : l'ancrage et le mouvement » aborde l'espace. Une carte de la Grèce, bien présente dans la muséographie, est là pour évoquer un paysage culturel et religieux habité par des mythes, reliés à des régions, des sanctuaires et des cités (la guerre de Troie et le retour d'Ulysse à Ithaque, la construction de l'Acropole à Athènes, l'oracle d'Apollon à Delphes, l'Olympe ..) , elle permet également d'insister sur les dynamiques en œuvre à travers des héros voyageurs, Héraclès, Thésée et Ulysse.