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Des années 1930, qui voient grandir la menace fasciste et se durcir l’opposition des artistes à toutes les formes de totalitarisme, jusqu’au début de la guerre froide, l’art a redonné un sens à son existence, loin, très loin du calme de l’atelier et de la fausse neutralité muséale.
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Model | 9782754108270 |
Artist | Art au XXe siècle |
Author | Stéphane Guégan |
Publisher | Hazan |
Format | Ouvrage relié |
Number of pages | 288 |
Language | Français |
Dimensions | 255 x 228 |
Technique(s) | 150 illustrations |
Published | 2015 |
Weight | 1.65 |
Cœur de cet ouvrage, la période de l’occupation allemande réserve plus d’une surprise à l’observateur sans œillères, et à l’historien sans a priori. Loin, très loin d’avoir été muselés par la censure nazie et le contrôle de Vichy, les artistes, jeunes ou moins jeunes, ont largement profité du climat permissif qui régnait en zone libre.
Fauvisme, cubisme, abstraction et surréalisme ont droit de cité sous la botte tant que tableaux, sculptures et photographies ne s’attaquent pas explicitement à l’ordre nouveau. Le jeu vicié de la collaboration entre l’Allemagne et la France aura donc ouvert un espace de liberté paradoxal aux effets inattendus.
À l’exception des Juifs et des autres « étrangers » jugés indésirables, parmi lesquels on se gardera de ranger Picasso « l’intouchable », chacun put alors s’exprimer, exposer et se dire qu’il résistait, à sa manière, à l’écrasement de la France ou contribuait à son redressement. Où se situait la frontière ? Il y eut maintes formes de résistance durant « les années noires », comme il y eut maintes façons de collaborer.
Ce livre, pour la première fois, donne la parole aux uns et aux autres en essayant de dépasser la logique binaire qui a trop longtemps prévalu. Il entend dégager une synthèse et une vision neuves des recherches récentes, souvent inaccessibles au grand public. Or il est temps que nous sortions tous de l’image caricaturale d’une époque clivée entre héros et salauds. L’histoire, a dit l’un de ses experts, ne s’écrit pas en noir et blanc. Stéphane Guégan rend donc ses réelles couleurs à l’art « occupé ». Car son foisonnement va bien au-delà de ce qu’on en dit. Picasso, Matisse, Braque, Bonnard et Derain, l’un de ceux qui « voyagèrent » en Allemagne durant l’hiver 1941, n’occupent pas à eux seuls le paysage artistique. Et si les hommes de Vichy marquent leur préférence pour une modernité de bon aloi, qu’incarnent Vuillard, Dufy et Maillol, leur politique d’achats et d’expositions ne s’y borne guère.
Dopée par l’humiliation de la défaite et les duretés du présent, la jeunesse bouscule hardiment l’autorité des maîtres et les attentes de la culture d’État. Nicolas de Staël, Fautrier, Dubuffet et tant d’autres n’ont pas attendu l’été 1944 pour libérer leurs pinceaux. On l’aura compris, prendre la pleine mesure du « moment » exige aussi de prendre du recul. Il était indispensable de le resituer dans le long cours de l’histoire, entre l’avènement d’Hitler et la mort de Staline.
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