Balthus

Dans l’esprit de Bonnard, la peinture de Balthus n’a cessé de s’inscrire dans la grande tradition occidentale. Mais, très tôt, chez lui, insiste Mieke Bal, la clarté du trait et l’économie des moyens sont pourtant mis au service du mystère et de l’ambiguïté des sujets représentés.

Cette conscience de soi-même et cette ambition de peindre pour l’éternité semblent contredites par l’indécision générale qui se dégage de sa volonté de peindre les sentiments diffus ou fugitifs, comme le désir ou l’érotisme avec toutes sortes de décalages qui sont comme l’aveu que leur nature est de rester invisible.

Après les années 30, l’auteur étudie comment l’esthétique de Balthus s’engage alors dans un splendide isolement qui oppose à son temps un dessin sec, des compositions figées, des couleurs mates aux matières rugueuses, infiniment reprises qui accrochent délicatement une lumière comme venue des siècles passés.

Nus endormis, chats énigmatiques, petites filles aux cuisses dénudées, ses thèmes se radicalisent, toujours plus ambiguës, au point de faire passer le peintre pour un pervers. C’est que le soit disant réaliste, le peintre figuratif, qui a bravé la mode de l’abstraction dans l’entre-deux guerres, a passé toute sa vie à traquer l’invisible. Ou, tout au moins, des traces, des attentes.

En bordure de l’universibilité pour nous inviter à transformer l’image en imagination. Le présent ouvrage restitue cette expérience par une attention extrême aux vertus plastiques de sa peinture.