Albert Dubout, le Fou dessinant

Né à Marseille en 1905, Albert Dubout a fait ses études au lycée de Nîmes, puis à l'École des Beaux-Arts de Montpellier, avant de s'installer encore très jeune à Paris. Ces pérégrinations éclairent les thèmes qui reviennent dans son oeuvre. L'exposition que la Bibliothèque nationale de France lui consacre présente les originaux de dessins de presse, ainsi que d'autres aspects moins connus de son oeuvre varié : la Provence, ses gens et ses paysages, la tauromachie et l'afici?n, la foule, au sein de laquelle chacun garde sa personnalité. Dubout est resté célèbre dans le grand public pour la causticité de son dessin. On retrouve d'autres aspects de son talent foisonnant dans des oeuvres où l'affichiste à succès du cinéma des années 1950 côtoie le peintre délicat qui a caché ses tableaux jusqu'à sa mort, ou le lecteur attentif qui a illustré plus de soixante-dix titres, toujours avec la même exigence du détail, le même perfectionnisme. Si Wolinski et les plus grands caricaturistes contemporains se réclament de lui, sa célébrité a été aussi immédiate que mal vécue : c'est Philippe Soupault qui l'engagea le premier pour ses talents d'illustrateur, Marcel Pagnol qui l'amena vers le cinéma et Frédéric Dard qui dut se battre pour le rencontrer dans sa thébaïde. La rétrospective du travail de ce très grand humoriste, présentée à la Bibliothèque nationale de France, est l'occasion pour le public de redécouvrir un monde renversé, un monde déglingué les deux notions sont corollaires. Dubout use et abuse du rafistolage, et ce n'est pas seulement un filon comique. C'est un système. Si pour Baudelaire le monde ne marche que par le malentendu, pour Dubout il ne marche qu'au prix d'improbables bricolages. La pipe rafistolée de l'autoportrait n'est pas un gag visuel, cette pipe a réellement existé, et c'était la sienne...