Exposition Artemisia Gentileschi - Musée Jacquemart-André, Paris

Une exposition présentée au Musée Jacquemart-André, Paris (19 mars - 29 juin 2025)

Publié le Tuesday 18 March 2025



L’artiste romaine Artemisia Gentileschi (1593 - vers 1656) est une personnalité au destin hors norme. Cette protagoniste de la peinture caravagesque est l’une des rares artistes femmes de l’époque moderne ayant connu de son vivant une gloire internationale et qui put vivre de sa peinture.


À travers une quarantaine de tableaux, réunissant aussi bien des chefs-d’œuvre reconnus de l’artiste, des toiles d’attribution récente, ou des peintures rarement montrées en dehors de leur lieu de conservation habituel, l'exposition met en valeur le rôle d’Artemisia Gentileschi dans l’histoire de l’art du XVIIe siècle.

Le parcours tend notamment à démontrer la profonde originalité de son oeuvre, de son parcours et de son identité, qui demeurent encore aujourd’hui une source d’inspiration et de fascination. L’histoire d’Artemisia traverse les siècles, et la lecture que l’on peut faire de son oeuvre – reflet de son vécu et de sa résilience – s’avère intemporelle et universelle.

Son talent de portraitiste, loué par ses contemporains, constitue un point central de l’exposition qui présente une série de portraits, dont certains ont été récemment découverts. Artemisia joue également avec sa propre image et ses autoportraits.

L'artiste puise par ailleurs son inspiration dans les thèmes bibliques et littéraires pour mettre en avant des sujets féminins et héroïques, qu’elle représente avec une rare empathie. Parfois, elle les dote d’un pouvoir de séduction unique dont elle a bien conscience ; les nus féminins peints par une femme étaient à l’époque rares et très recherchés par les amateurs d’art. Une partie importante de l’exposition sera ainsi consacrée au duel symbolique d’Éros et Thanatos, crucial dans l’art et la culture du baroque et véritablement central dans l’œuvre d’Artemisia Gentileschi.

Née à Rome en 1593, la jeune Artemisia se forme auprès de son père, Orazio Gentileschi (1563- 1639), artiste d’origine toscane influencé par Caravage, et témoigne très vite d’un talent singulier pour la peinture. Adulte, elle mène une brillante carrière, gagnant une renommée internationale et des commandes dans toute l’Europe, jusqu’à la cour de Charles I er d’Angleterre où elle rejoint son père en 1638. Malgré le succès flamboyant qu’elle avait connu de son vivant, Artemisia tombe dans l’oubli vers la fin du XVIIIe siècle. Il faudra attendre le XXe siècle pour que son oeuvre soit de nouveau appréciée à sa juste valeur.

Dès ses débuts, Artemisia fait preuve d’une capacité unique à saisir la psychologie de ses personnages, dans des compositions à la puissance explosive, qui contrastent avec l’élégance lyrique d’Orazio. La formation initiale avec son père Orazio, fondamentale pour comprendre son art, ainsi que l’impact fort de Caravage, sont mis en exergue dans l’exposition, notamment grâce à des prêts exceptionnels, tels que Suzanne et les vieillards (Pommersfelden, Schloss Weissenstein), sa première œuvre signée et datée, et le Couronnement d’épines de Caravage (collection de la Banca Popolare di Vicenza).

L’analyse de l’œuvre d’Artemisia Gentileschi est difficilemment séparable de celle de son destin, même s’il serait réducteur de comprendre son art uniquement à la lueur de sa vie. En 1611, son existence bascule : le peintre Agostino Tassi, employé par son père Orazio afin de lui enseigner la perspective, la viole. Refusant d’épouser la jeune fille en guise de réparation, Agostino Tassi se voit intenter un procès par Orazio Gentileschi, au cours duquel Artemisia est torturée afin de prouver la véracité de ses accusations. Les Gentileschi gagnent le procès mais Tassi, malgré sa condamnation à cinq ans d’exil, fut protégé par le pape Paul V Borghèse et put rapidement revenir à Rome. La manière dont Artemisia surmonta cette épreuve révèle sa résilience, son courage et sa détermination.

À l’issue du procès, Artemisia épouse un Florentin et part s’installer à Florence. Elle atteint la pleine émancipation et la célébrité à cette époque, au cours de laquelle elle développe aussi bien ses compétences techniques que son érudition. Grâce aux relations qu’elle établit à Florence, elle développe plus tard un réseau international de commanditaires.

Informations pratiques :
• Catalogue d'exposition Artemisia Gentileschi. Héroïne de l’art, éd. Fonds Mercator / Culturespaces
• Musée Jacquemart-André : 158 boulevard Haussmann, 75008 Paris
• Horaires : Ouvert tous les jours de 10h à 18h. En période d’exposition, nocturnes les dimanches jusqu’à 19h et les vendredis jusqu’à 22h.
• Accès : Métro : lignes 9 et 13 (Saint-Augustin, Miromesnil ou Saint-Philippe du Roule). RER A (Charles de Gaulle-Étoile). Bus : 22, 43, 52, 54, 28, 80, 83, 84, 93.
• Entrée Plein tarif : 17 €. Tarif réduit : 13 € (étudiants, porteurs du Pass Education et demandeurs d’emploi). Tarif jeune : 10 € (7-25 ans). Tarif famille : 46 € (pour 2 adultes et 2 jeunes).

Commissariat d'exposition : Patrizia Cavazzini est chercheuse associée à la British School de Rome, conseillère de l’American Academy et membre du comité scientifique de la Galerie Borghèse. Maria Cristina Terzaghi est professeur titulaire en histoire de l’art moderne à l’université de Roma Tre et membre du comité scientifique du Museo di Capodimonte à Naples. Spécialiste de la peinture et
de la sculpture du XVII e siècle, ses recherches abordent la peinture des artistes caravagesques, ainsi que la peinture et la sculpture du Baroque romain. Pierre Curie est Conservateur général du patrimoine, onservateur du musée Jacquemart-André.

Scénographie : Hubert le Gall, sculpteur, designer et scénographe français


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