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Publié le Monday 24 August 2009
"A cette époque, les peintres et les écrivains, c'était pareil. On vivait mélangés, avec probablement les mêmes soucis ; on peut même dire que chaque écrivain avait son peintre. Moi j'avais Delaunay et Léger, Picasso avait Max Jacob, Reverdy : Braque et Apollinaire tout le monde..." propos de Blaise Cendrars recueillis par Henri-François Rey, Arts, 10-16 novembre 1954.
La mise en perspective des textes et archives de Blaise Cendrars avec les oeuvres des trois peintres, permet d'éclairer les liens et les influences réciproques.
C'est à Paris, où Blaise Cendrars s'installe en 1912, que le poète rencontre le monde artistique d'avant-garde. A Montmartre, il fait la connaissance de Picasso et dans les ateliers de La Ruche, à Montparnasse, il se lie d'amitié avec Chagall et Léger.
De la même génération qu'eux, Cendrars partage avec ces artistes bien des points de vue dont il rendra souvent compte dans ses écrits. Son goût pour la modernité urbaine, pour un monde qui se transforme frénétiquement, pour les formes nouvelles qu'il découvre le conduit à fréquenter les milieux artistiques modernes et à rêver avec eux un monde nouveau modelé par un imaginaire résolument actif.
Cendrars et Léger : Musée national Fernand Léger, Biot
Le parcours de l'exposition donne les repères biographiques puis décline les thèmes marquants de leur rencontre : les débuts à Paris, la guerre 1914-1918, la modernité, les spectacles, le paysage dans l'oeuvre de Fernand Léger.
C'est à Montparnasse vers 1912 qu'a lieu la rencontre avec Fernand Léger. L'amitié entre eux est durable,et leur relation est ponctuée de publications communes. Dès la fin de la Guerre, en 1918, paraît J'ai tué, texte de Cendrars illustré par Léger. L'année suivante, c'est La fin du monde filmée par l'ange Notre-Dame. Les deux artistes s'intéressent de près au cinéma et à la scène. Ces relations se poursuivent après la Seconde Guerre mondiale. Elles devaient aboutir à la publication conjointe de Paris ma ville, malheureusement interrompue par la mort de Léger.
Témoins d'un monde en mutation, très tôt, Cendrars et Léger cernent dans leurs créations les principaux éléments de la vie moderne et cherchent à rendre dans leurs oeuvres le mouvement et l'accélération de la vie des hommes.
Cendrars curieux en tous domaines lit les articles scientifiques, les notices de dictionnaires, les articles de journaux qui lui servent dans son dispositif d'écriture. De son côté, Léger compose d'improbables mécaniques à partir de cylindres, d'hélices et de disques qui deviennent des éléments plastiques et picturaux. L'objet, la publicité, le cinéma, la ville, les inspirent. " Léger est comme moi, il ramasse tout dans la rue. On s'est enchevêtré avec lui sur la vie moderne, on a foncé. "
Cendrars et Chagall : Musée national Marc Chagall, Nice
Les liens d'amitié entre Cendrars et Chagall sont sans doute facilités par l'usage du russe que l'écrivain possède bien mais aussi par une vision commune qui, ainsi que le souligne l'historien de l'art, J.J. Sweeney, rend comparables les images verbales du poète et les éléments de construction du tableau de l'artiste.
Cendrars a donné les titres de plusieurs tableaux de Chagall, peints à ce moment-là : A la Russie, aux ânes et aux autres, Dédié à ma fiancée, Le village russe, de la lune, Le saint voiturier, Moi et le village, Paris par la fenêtre.
Pendant la guerre leur chemin se séparent et lorsque en 1923, Chagall revient définitivement à Paris et retrouve l'atelier de la Ruche vide, il en accuse Cendrars, qui semble avoir vendu des oeuvres au critique Gustave Coquiot. Si Cendrars lui fait rencontrer le marchand et éditeur Vollard, qui lui commande des gravures pour illustrer d'abord Les âmes mortes de Gogol, leurs liens se distendent néanmoins complètement
Cendrars et Picasso : Musée national Pablo Picasso, Vallauris
La rencontre avec Picasso provoque chez Cendrars la fascination déjà constatée chez les autres écrivains confrontés à la puissance créative de l'artiste : « Le peintre coupe, scie, poignarde, écartèle, déchire, étrangle. La matière est tout à coup là. A l'oeil, grossie d'un cran. ».
Une partie des oeuvres de Picasso, peintes avant la rencontre avec Cendrars, sont des études pour Les Demoiselles d'Avignon, et reflètent le travail de simplification et de géométrisation des formes, l'influence de l'art africain. Ces recherches enthousiasmeront Blaise Cendrars qui ne fera connaissance de l'artiste qu'en 1912, lorsque Picasso amorce sa période « synthétique ».
L'exposition présente les illustrations du Chef-d'OEuvre inconnu de Balzac. La nouvelle de Balzac (1831) s'impose comme l'un des textes majeurs de l'écrivain sur l'art, l'artiste et plus généralement la création. Ce texte, cher à Cézanne, a inspiré de nombreux essais d'esthétique. Ambroise Vollard, poussé par Cendrars demande à Picasso des illustrations pour une nouvelle édition du texte en 1927. Publié en 1931, il comprend treize eaux-fortes et soixante-sept bois gravés.
Commissariat de l'exposition : Maurice Fréchuret, conservateur en chef du patrimoine, directeur des musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes, Nelly Maillard, chargée des collections au musée national Fernand Léger, Elisabeth Pacoud-Rème, chargée des collections au musée national Marc Chagall.
Informations pratiques :
Attention tarifs spéciaux : billet jumelé Chagall/Léger : 15€, billet pour les trois expositions : 17€ (billet jumelé non disponible en ligne).
Musée Fernand Léger, Biot
Musée Marc Chagall, Nice
Musée national La Guerre et la Paix, Vallauris
Catalogue de l'exposition : Dis-moi, Blaise...Léger, Chagall, Picasso et Blaise Cendrars, éd. RMN.
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