L'exposition est un évènement car l'artiste expose peu. La dernière occasion de voir son travail en France remonte à la rétrospective des oeuvres sur papier que le Musée national d'art moderne présenta en 2001 à Paris.

Une exposition d'autant plus exceptionnelle que l'artiste l'a réalisé lui-même au sein de l'Hotel de Caumont à Avignon, prenant en considération la lumière si spécifique de la Provence, mais aussi toutes les contraintes de l'espace du bâtiment, l'ordonnancement classique de l'entrée de l'hôtel particulier, les grandes portes-fenêtres faisant pénétrer le soleil estival, la déambulation symétrique dans les salons du rez-de-chaussée qui se déploient de gauche à droite en enfilade très classique.

L'artiste américain Cy twombly, né en 1928 en Virginie et vivant en Italie depuis près de cinquante ans, crée désormais dans toute sa maturité, dans la plénitude de celui qui n'a plus rien à prouver mais cherche encore et toujours. Pour cette exposition, Cy Twombly invoque Hokusai, ce « vieillard fou de dessin »...

Les oeuvres picturales sont accompagnées de courts textes. Des Haiku japonais dédiés aux pivoines cultivées depuis des siècles par les moines jardiniers des temples zen. "Ces énormes fleurs répétées à l'envi sur toutes ces toiles de même format pourraient rappeler Monet avec les dernières grandes séries picturales que le père de l'Impressionnisme consacra aux Nymphéas [...]

Le format très horizontal choisi par Cy Twombly et la répétition du motif floral peuvent aussi rappeler les célèbres séries de fleurs sérigraphiées par Andy Warhol sur d'immenses toiles en bichromie [...]

Mais il faut davantage se tourner du côté des toutes dernières peintures de Bonnard qui concentra ses dernières émotions de peintre en peignant minutieusement des petits amandiers en fleur, ces premiers arbres fruitiers qui fleurissent en Provence à la fin de l'hiver [...]

Et c'est surtout au maître de la Modernité qu'on pense, au grand Matisse niché dans son hôtel sur les hauteurs de Nice, à Cimiez, lui qui n'avait plus rien à prouver et qui, les mains gagnées par l'arthrose, abandonna ses pinceaux mais se libéra ainsi définitivement de la peinture en inventant ses merveilleuses compositions de papiers découpés aux ciseaux dans des aplats de couleur pure. [...] " Extraits de la présentation d'Eric Mézil, commissaire d'exposition.

Six immenses peintures sur panneaux de bois de 5,5 mètres et trois de 2,5 mètres se déploient dans les salles du musée, par ailleurs quatre peintures sur toiles encadrent l'entrée XVIIIe de l'hôtel de Caumont. A l'entresol, parmi plusieurs sculptures, de l'artiste, une quarantaine d'oeuvres sur toile ou sur papier, datées de 1959 à 1985, appartenant au galeriste Yvon Lambert sont montrées là comme une petite rétrospective.

Parmi ces dernières un monochrome blanc a été décroché, la toile (de 1977) faisait partie d'un triptyque, titré Phèdre. Une affichette en explique la raison : le 19 juillet dernier, le tableau a reçu le baiser rouge d'une artiste d'origine cambodgienne, Rindy Sam. Acte de "vandalisme", selon le directeur de la collection, Eric Mézil, "témoignage du pouvoir de l'art" selon la jeune femme... Celle-ci sera jugée par le tribunal correctionnel de laville le 9 octobre pour "dégradation d'oeuvre d'art...

Commissariat d'exposition : Eric Mézil, directeur de la collection Lambert en Avignon.

Collection Lambert en Avignon (5 juin - 30 septembre 2007), Hôtel de Caumont, 5 rue Violette - Avignon. Tel : 04 90 16 56 20. Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 11h à 18h. Visites commentées les vendredis et samedis.