La pratique artistique nous a légué un corpus d'images, tout particulièrement de portraits, donnant à voir la pensée à l'état pur, sans objet précisément défini, à travers l'expression d'un visage, le geste qui l'accompagne, l'attribut qui sert de support et de moteur, la lumière qui révèle l'énergie issue de l'intérieur ou comme une inspiration venue de l'extérieur, jusqu'au vêtement qui, dans l'accompagnement de ses traits d'expression, symbolise le pouvoir, la sagesse, ou le dénuement et la liberté du sujet.

L'ensemble de ces conditions physiques de l'expression d'une pensée, tantôt instantanée et fulgurante, dans la jubilation de l'inspiration, tantôt surgie de profondeurs intemporelles, ont trouvé leur incarnation dans les figures de philosophes, de mendiants, de savants, de poètes, de sibylles, de saints et de saintes voués à la méditation la plus intense et la plus étrangère à leur enveloppe charnelle.

Suivant les recommandations spirituelles de la Réforme catholique, qui prônait comme valeurs suprêmes l'équilibre et la relation déjà dialectique entre la richesse intérieure et la pauvreté extérieure, Diego Vélasquez, Jusepe de Ribera Luca Giordano se sont engagés dans un programme sériel de philosophes engagés dans une errance sereine et
de vagabonds nourris d'une tranquille philosophie de l'existence.

La culture humaniste, qui place l'homme au coeur de sa destinée, prend ses distances avec la mise en image des récits bibliques et des vertus antiques dans leurs traductions canoniques. Elle privilégie au XVIIe siècle dans l'ensemble de l'Europe, en particulier dans les milieux animés par une active pensée de réforme, la figure comme un portrait à la fois particulier et universel.

Dans le milieu de la réforme protestante, plutôt que la figure comme exemple, ce sont les accumulations symboliques d'objets, dites improprement « natures mortes », qui portent ce commun et nécessaire sentiment de la vanité de la possession de toute chose, savoir comme richesse.

Les tableaux présentés dans l'exposition sont des témoignages concrets de l'effervescence spirituelle et philosophique qui se propage durant ce siècle d'or en Europe et qui prône la richesse du savoir au détriment de la possession ; ces portraits imaginaires des philosophes et des savants de l'Antiquité sont des incarnations contemporaines et populaires des grands penseurs de l'humanité.

Informations pratiques :

 Palais des Beaux-Arts - Place de la République 59000 Lille

 Ouverture et horaires : Tous les jours (sauf le mardi) de 10h à 18h et le lundi de 14h à 18h

 Billet unique exposition + collections permanentes : 7 € (tarif réduit : 5 €)

 Accès gratuit pour les enfants de moins de 12 ans, les demandeurs d'emploi, les RMIstes... et le - premier dimanche de chaque mois pour tous.

 Catalogue d'exposition : Portraits de la pensée, Coédition Nicolas Chaudun / Palais des Beaux-Arts de Lille

Commissariat d'exposition : Alain Tapié, Conservateur en chef, Directeur du Palais des Beaux-Arts et Régis Cotentin, Chargé de la programmation contemporaine.
Commissariat associé : Citéphilo (Délégué général : Gilbert Glasman)