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Publié le Saturday 26 February 2011
Le musée du Louvre présente pour la première fois en France une exposition consacrée au sculpteur allemand Messerschmidt, actif à Vienne et Bratislava au XVIIIe siècle, auteur de portraits de cour et d'intellectuels mais aussi de têtes violemment expressives, à l'étrangeté fascinante dont l'audace séduit le public contemporain.
Riche d'une trentaine d'oeuvres, dont la tête acquise par le Louvre en 2005, l'exposition rassemble des prêts exceptionnels qui permettent de montrer au mieux l'évolution du style de Messerschmidt et de souligner son esthétique.
Franz Xaver Messerschmidt (1736-1783) commence une brillante carrière de sculpteur à Vienne en 1757 où il réalise les portraits de la famille régnante, notamment ceux de l'impératrice Marie-Thérèse et du futur empereur Joseph II. Ces sculptures sont encore dans la tradition baroque. C'est peu après son retour d'Italie que son style évolue vers le néoclassicisme.
En 1774, lorsque l'Académie de Vienne lui refuse la chaire de sculpture pour cause de "troubles cérébraux", celui-ci décide de quitter définitivement Vienne. Il s'installe à Presbourg (actuelle Bratislava) à partir de 1777, où il se consacre de plus en plus à l'exécution de cette exceptionnelle série de "têtes".
"Les rares écrits de Messerschmidt parlant de ses têtes ne les qualifient pas : il s'agit pour lui de "Kopfstücke" (têtes). L'appellation "têtes de caractère" (Charakterköpfe) est retrouvée dans brochure servant de livret à la première exposition publique des sculptures en 1793, soit dix ans après la mort de l'artiste. Les titres des oeuvres y sont également inventés, "ceux-ci, grotesques et faux, tous apocryphes, n'ont été conservés que par commodité." (1)
On trouva 69 sculptures après son décès : aucune de celles-ci n'avait été vendue de son vivant. Le sculpteur en exécutant ses têtes, poursuivait un dessein personnel sans but lucratif : l'expression concrète et absolument nécessaire d'un monde intime.
Le témoignage d'un éminent visiteur en 1781, l'écrivain des Lumières berlinoises Friedrich Nicolai, offre les premières interprétations de son art et de sa personnalité. Selon Nicolai, l'artiste se disait persécuté par des esprits qui le faisaient souffrir moralement et physiquement, notamment dans le bas ventre et les cuisses. Il se regardait dans un miroir, se pinçait le corps en faisant diverses grimaces. Avec celles-ci il entendait changer les expressions de son visage de manière à devenir maître de l'esprit des proportions qui le tourmentait. Il reproduisait ensuite avec ses têtes ce visage déformé. " (2)
Informations pratiques
Musée du Louvre 34, Quai du Louvre, 75001 Paris - Aile Richelieu.
Accès métro : station Palais-Royal/musée du Louvre. Par bus, n° 21, 24, 27, 39, 48, 68, 69, 72, 81, 95. Par voiture : parc de stationnement souterrain accessible par l'avenue du général Lemonier, tous les jours de 7h00 à 23h00.
Horaires : Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 9h à 18h. Les mercredis et vendredis jusqu'à 22h.
Tarif : Accès avec le billet d'entrée au musée : 10 € / plein tarif. Gratuité : pour les moins de 18 ans, les chômeurs. Gratuit tous les 1er dimanches de chaque mois, Journées du Patrimoine.
Catalogue d'exposition Franz Xaver Messerschmidt 1736-1783, éd. musée du Louvre / Officina Libraria
Commissariat d'exposition : Guilhem Scherf, conservateur en chef au département des Sculptures, musée du Louvre
(1) Extrait du catalogue d'exposition, Maria Pötzl-Malikova.
(2) Extrait du catalogue d'exposition, Guilhem Scherf.