L'histoire de l'art ne s'intéresse que rarement à l'entourage de l'artiste, ses proches, sa famille, ceux qui l'ont soutenu, encouragé ou tout simplement aimé. Ce n'est pas par manque d'intérêt ou simple pudeur, mais plutôt par peur de troubler une discipline qui se veut « scientifique » et donc sans affect. Il faudrait ne traiter que le grand sujet, l'esthétique et son commentaire, alors que la « petite histoire » mène à la grande.

Les enfants modèles ont laissé des témoignages écrits, d'autres en ont parlé, certains en parlent encore. Ils nous révèlent, avec leurs mots, que l'attrait pour le jeu, les copains de la rue, les rêveries solitaires dont on a si besoin à leur âge, l'emportaient le plus souvent sur cette marque de tendresse voulue par l'artiste.

Peindre un enfant n'est pas de tout repos. Certains artistes en ont parlé dans leurs souvenirs, toutes sortes de stratagèmes ont été utilisés pour les faire tenir tranquilles. Ces « bons petits diables » ont alors posé seuls en arborant les attributs que leurs parents artistes avaient délibérément choisis pour eux au habits de Pierrot ou de clowns, cheval de bois, maillet pour le croquet, cerceau, poupée de chiffons, voilier de bassin au ou bien, plus librement, affairés à l'une de leurs occupations favorites.

Ces jouets ou costumes au parfois reliques véritables au animent le parcours de l'exposition qui regroupe une centaine de tableaux.

: « On ressemble toujours assez à ses parents sans avoir besoin de porter leurs habits » a pu dire le peintre cubiste Juan Gris ; plutôt que de faire «impression » comme ses illustres ancêtres, Augustin Rouart préféra être pêcheur de « la ligne », à la suite de «Monsieur Ingres ». C'est ce qui ressort de ce magnifique et étrange portrait de son fils Daniel à la précision d'enlumineur ou de graveur signé par un monogramme de l'artiste qui n'est pas sans rappeler celui d'Albrecht Dürer. Le jeune modèle, concentré et investi par son action, évolue, entre ciel et mer, dans un paysage de rêve, à la fois post-nabi et surréaliste. Emmanuel Bréon.

Commissariat d'exposition : Emmanuel Bréon, conservateur en chef du patrimoine, directeur du musée de l'Orangerie

Informations pratiques :

 Musée national de l'Orangerie, Jardin des Tuileries - 75001 Paris

 Ouverture : tous les jours, sauf le mardi, de 9h à 18h

 Tarifs : 9,5 €, TR 7,5 € (incluant l'accès aux collections permanentes)

 Accès : Métro Concorde: 1, 8, 12. Bus (arrêt Concorde): 24, 42, 52, 72, 73, 84, 94. Parkings : Concorde ou Jardin des Tuileries

 Visites-conférences de l'exposition : 4,5 €, TR 3,5 €, les visiteurs qui suivent les visites-conférences bénéficient du tarif réduit pour le billet d'entrée à l'exposition

 Catalogue de l'exposition : Les enfants modèles, Rmn éditions,

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