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Publié le Wednesday 10 March 2021
L'exposition met en scène une histoire qui n’a pas été racontée, celle des peintres femmes et propose un parcours à travers le demi-siècle qui s’étend entre les années pré-révolutionnaires jusqu’à la Restauration.
En ne considérant les œuvres des artistes femmes qu’à la lumière de leur statut de femme, qu’il s’agisse de démontrer comment elles en pâtirent, comment elles le transgressèrent ou comment elles le revendiquèrent, on ne fait que maintenir les présupposés et les valeurs qui ont conduit le modèle historiographique dominant à oublier leur rôle, leur apport et leur place dans l’espace des beaux–arts entre 1780 et 1830 comme dans les importantes mutations que celui-ci enregistre alors — mutations déterminantes pour la seconde moitié du XIXe siècle.
La question de l’absence des « grandes » femmes artistes a déjà trouvé une réponse historique avec l’ « empêchement » dû à l’interdiction faite aux femmes de pratiquer le nu et donc la peinture d’histoire, leur niveau moindre de formation, le numerus clausus à l’académie royale, la vocation matrimoniale, maternelle et domestique que leur attribuent les critères de genre, leur minorisation sociale et politique, la limitation de leur pratique à des genres « mineurs ». Tous ces arguments sont documentés, le problème est qu’ils sont ceux-là même (arguments et documents) et seulement ceux que fournissent l’histoire de l’art traditionnelle et le récit historique dominant.
Pour écrire et mettre en scène une histoire qui n’a pas été racontée (celle des peintres femmes), il apparaît essentiel de se doter de moyens nouveaux et, plus humblement d’interroger sans relâche ceux qui ont été mobilisés jusque-là pour écrire une histoire de l’art « sans femmes ».
Un des intérêts de l’exposition est d’avoir déplacé l’origine du point de vue sur les productions des artistes femmes. Les livrets des salons (avec les commentaires des œuvres, les noms des exposant-e-s), les articles de la presse en pleine expansion à cette époque, les œuvres elles-mêmes (par qui ont elles été commandées ? achetées ? etc.), les témoignages contemporains constituent un paysage totalement différent de celui que l’histoire de l’art traditionnelle nous a transmis : il est beaucoup plus complexe, et le sort des artistes femmes y apparaît moins tributaire qu’on a voulu le dire du schéma manichéen opprimées/ oppresseurs, empêchées / favorisés, féminin /masculin.
L'exposition veut ainsi redonner toute sa place aux témoins et aux acteurs de l’époque dont la parole avait été occultée mais aussi aux œuvres et à la démarche artistique.
Informations pratiques :
• Catalogue d'exposition Peintres femmes 1780-1830 - Naissance d'un combat, Ed. Réunion des musées nationaux - Grand Palais
• Musée du Luxembourg : 19, rue Vaugirard, 75006 Paris
• Horaires : ouvert tous les jours de 10h30 à 19h, nocturne les lundis jusqu’à 22h00.
• Tarif : 13 €, tarif réduit 9 €. Tarif spécial jeune 16-25 ans : 9 € pour 2 personnes du lundi au vendredi après 16h, gratuit pour les moins de 16 ans, et bénéficiaires des minima sociaux.
• Accès : métro St Sulpice ou Mabillon, Rer B Luxembourg, Bus : 58 ; 84 ; 89 ; arrêt Musée du Luxembourg / Sénat.
Commissariat d'exposition : Martine Lacas, Docteure en histoire et théorie de l’art, auteure, chercheuse indépendante. Scénographie : Loretta Gaïtis et Irène Charrat