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Publié le Friday 30 November 2007
L'art de l'Iran ne peut être compris que dans le contexte de sa culture et surtout à travers le prisme de ses écrits. La littérature persane apparait alors comme le miroir de l'art. Le lien intime qui unit les arts visuels au verbe écrit, cet art métaphorique, permet de traiter le thème ultime, celui de la grandeur du monde, création divine.
Ce rapport, aussi net en peinture que dans l'art de l'objet dont les motifs traduisent des métaphores littéraires, s'est accentué à l'époque safavide (1501-1736).
Conçue comme une anthologie d'oeuvres d'art dont plusieurs sont inédites, cette exposition et le livre qui l'accompagne traitent pour la première fois de cet aspect fondamental d'un art conceptuel, dominé par les symboles. L'art de l'Iran, souvent incompris, peut donner l'illusion d'être voué au décor. Tous les détails en sont, au contraire, chargés de sens, dont la littérature persane donne la clé.
Ce répertoire des métaphores littéraires est le dictionnaire qui permet de lire à livre ouvert la peinture et les objets qui chantent la beauté du monde. Il permet un éclairage entièrement nouveau sur ces oeuvres.
C'est en 2006, que le musée du Louvre confia la mission à Assadullah Souren Melikian-Chirvani, historien de la culture du monde iranien, de rassembler les oeuvres d'art de l'Iran safavide et de donner les clés qui permettent de comprendre le sens de ces peintures et de ces objets.
"L'esthétique de la peinture comme de la poésie obéit à des règles qui ne sont pas celles d'un art figuratif ou d'une littérature descriptive [...]. L'équilibre des couleurs, le rythme des lignes, le contrepoint établi avec les images mentales du texte, sont ici les critères essentiels. Ceux qui contemplaient ces peintures ne les voyaient pas dans l'isolement, mais dans la succession des pages qu'ils tournaient, l'esprit empli des vers qu'ils lisaient." A. S. Melikian-Chirvani, extrait du catalogue de l'exposition.
Lorsque les marchands et les collectionneurs ont dépecé les manuscrits les plus importants parvenus en Occident, ils ont provoqué des pertes irréparables pour l'histoire de la culture.
Si l'art métaphorique du livre est peu compris, celui de l'objet ne l'est aucunement et pourtant, il est tout aussi étroit. L'exposition explore également pour la première fois la symbolique des bronzes et de la céramique, et son rôle dans les cérémonies qu'il s'agisse des grandes réceptions royales ou des réunions restreintes à quelques convives.
Commissariat d'exposition : Assadulah Souren Melikian-Chirvani, directeur de recherche au CNRS (émérite) est historien de la culture iranienne. Il a passé les trente-quatre années de sa carrière de chercheur à se pencher sur les rapports indissolubles qui unissent les arts visuels du monde iranien historique (Iran, Afghanistan, Azerbaïdjan, Asie centrale jusqu'à Bokhara et Samarcande) et la littérature persane. Il est auteur de livres et de nombreuses monographies sur l'art du monde iranien historique.
Paris, musée du Louvre (5 oct. 2007 - 15 janv 2008), Hall Napoléon. Ouvert tous les jours de 9h à 18h, sauf le mardi, nocturnes jusqu'à 22h les mercredi et vendredi. Exposition accessible avec le billet d'entrée aux collections permanentes. Informations : 01 40 20 53 17.