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Sophie Calle - Finir en beauté

Sophie Calle - Editions Actes sud - Ouvrage broché - 80 pages - Textes en Français - Publié en 2024

Livre objet qui comprend une enveloppe contenant des reproductions de photographies à associer à des contenus du livre.

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Référence 9782330193621
Artiste-Genre Sophie Calle
Auteur(s) Sophie Calle
Editeur(s) Actes sud
Format Ouvrage broché
Nb. de pages 80
Langue Français
Dimensions 190 x 130
Date parution 2024
Musée Les Rencontres d'Arles

Catalogue de l'exposition Sophie Calle - Finir en beauté, présentée dans Les Rencontres d'Arles (1 juillet - 29 septembre 2024).

Peu avant mon exposition A toi de faire, ma mignonne au musée Picasso, à Paris, un orage a causé des dégâts dans ma réserve et des spores de moisissure se sont infiltrées dans Les Aveugles. Les restaurateurs se sont prononcés, il était préférable de détruire les oeuvres. Seulement Les Aveugles avaient trop compté dans ma vie pour terminer la leur à la décharge. J'ai alors repensé à une idée de l'artiste Roland Topor d'inhumer un vieux chandail qu'il ne pouvait ni donner ni jeter.

Les cryptoportiques d'Arles se prêtent à une telle cérémonie : l'année précédente, durant les Rencontres, l'humidité qui y règne avait insidieusement attaqué les photographies exposées, et les champignons l'avaient emporté. Ce lieu, censé les protéger, avait paradoxalement agi comme un outil de destruction. Que cela se soit produit dans une ville qui joue un rôle majeur dans la préservation des images est pittoresque. J'ai donc imaginé que je pourrais ensevelir ici mes aveugles, afin qu'ils finissent de se décomposer et que leurs mots, qui ne parlent que de beauté, s'enfoncent dans les soubassements de la ville.
J'ai réalisé que la pourriture avait sélectionné ses victimes. À côté de ces regards qui ne voient pas, elle ne s'en était prise qu'à des projets qui évoquaient symboliquement la mort, comme s'ils avaient perdu leur immunité : des bouquets de fleurs séchées, des clichés de tombes, la photo de mon matelas sur lequel un homme s'est immolé, des tableaux qui déclinent le dernier mot de ma mère. Et puisque j'allais offrir une seconde mort à mes oeuvres agonisantes, j'ai aussi invité des choses de ma vie qui ne servent plus à rien mais que je ne peux ni donner ni jeter.

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