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Denis Polge - Les eaux dormantes

Denis Polge - Editions Gallimard - Broché - Textes en Français - Publié en 2007

Ce livre, présente une vue d'ensemble de l'oeuvre de Denis Polge. Il comprend des textes de Patrick Mauriès, François-Xavier Lalanne, Richard Stamelman et Henry Mathieu. ..

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Référence 9782070785735
Artiste-Genre Denis Polge
Auteur(s) Collectif
Editeur(s) Gallimard
Format Broché
Langue Français
Dimensions 270 x 240 millimètres
Date parution 2007

Posément inactuel, Denis Polge mène une oeuvre solitaire, loin de toute école ou tendance. Son oeuvre puise à des sources multiples, parfois inattendues : la peinture de Fouquet comme celle de Jean Hugo, celle de Bissier comme de certains peintres italiens des années quarante, sans oublier la miniature persane.

Il travaille aussi bien la peinture à l'huile que la détrempe ou la mine de plomb. Ses oeuvres récentes jouent tout particulièrement des ressources et des textures du papier, dont il varie l'usage : chiffon, soie, papier préparé, etc. S'y développe un paysage singulier d'architectures éphémères et d'arbres morts, d'animaux fabuleux et de reliefs inquiétants, d'objets échoués et d'eaux dormantes.

"Qu’y a-t-il de moins actuel qu’un miniaturiste, et de plus incongru – pour ne pas dire artistiquement incorrect – qu’un jeune miniaturiste ? L’époque est au trait appuyé, à la surcharge émotionnelle, aux proportions exagérées, au forçage généralisé, à la démesure de principes. Nous n’avons plus de place pour la minutie que du côté de la mignardise ou du désuet, des porcelaines et des fragiles lames d’ivoire.

Indifférent à l’ordre du jour, et à ses partages simplistes, Denis Polge a choisi de réévaluer, par tout un aspect de son travail (un parmi d’autres, c’est ce qui en fait le prix), cette dimension oubliée, méprisée : il aime ce qui, en elle, contraint la main, induit un certain type de regard, pousse pour ainsi dire la contemplation aux extrêmes. Il aime cette dimension qui est autant celle de Fouquet que de Jean Hugo, des artistes persans que de Louis-Léopold Boilly (il est aussi un remarquable portraitiste).

Mais il la plie bien évidemment à son propre usage. Il l’inscrit dans sa géométrie particulière (qui s’applique aussi bien aux quelques centimètres d’une feuille de papier qu’aux larges panneaux d’un paravent). Son espace est pour ainsi dire suspendu : ni abstrait ni illusionniste ; comme chez les Persans, des fragments de réalité se posent à même une roche escarpée ; des nuages filent sur un plan abstrait ; des murs se croisent comme des angles de papier ; la perspective bascule comme dans les pavillons « à toits enlevés » des Japonais.

Citations résolues ou simples échos, évocations et images du monde flottant se déposent comme un film translucide à fleur de papier (dont il aime le grain, la souplesse) ou de soie, légèrement lavée. Ces réalités se superposent, se juxtaposent, glissent les unes sur les autres, comme pourraient le faire les éléments d’un collage ; mais il ne s’agit que de l’apparence ou du fantôme d’un collage, d’un collage proprement réinventé. Ces compositions impossibles, ces espaces « incompossibles », comme aurait dit Leibniz, retrouveraient toute la liberté de l’arabesque, et la légèreté du mobile ; elles auraient pour donnée essentielle d’échapper à toute pesanteur (cette pesanteur à laquelle cède, emblème contraire, l’oiseau mort, thème récurrent chez Denis Polge), et d’obéir à leurs seules lois : celles d’une pondération mystérieuse, celle de l’imaginaire." Patrick Mauriès, 2004.

Patrick Mauriès est directeur de la collection Le promeneur chez Gallimard. Il est écrivain, spécialiste de littérature anglaise, de la mode, des arts décoratifs du 20ème siècle…

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