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Voyageurs au Moyen Age

Editions Actes Sud - Relié - 240 pages - Textes en Français - Publié en 29/10/07

Sept siècles d'une longue expansion de l'Occident au-delà de la Méditerranée qui conduira à l'ouverture du monde au XVe siècle...

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Référence 9782742770892
Editeur(s) Actes Sud
Format Relié
Nb. de pages 240
Langue Français
Dimensions 240 x 300 x 30
Technique(s) 260 illustrations en couleurs, 1 carte
Date parution 29/10/07
Poids 1.66

Du IXe siècle à la fin du XVe siècle, l’Occident chrétien médiéval a d’abord subi une longue période de profond repli sur soi, consécutive aux invasions barbares du Ve siècle puis, aux VIIIe et IXe siècles, à celles des Arabes, des Hongrois, et des Vikings. L’héritage de l’esprit scientifique grec était perdu pour lui et remplacé par une vision théologique et symbolique du monde : aux mesures et aux conjectures d’Aristarque de Samos (IIIe siècle avant J.-C.) sur la rotation de la terre et sa distance au soleil ; à celles de la rotondité terrestre, par Ératosthène (IIIe siècle avant J.-C.) ; aux Géographies de Strabon (Ier siècle) et de Ptolémée (IIe siècle) qui inspirèrent la science arabe mais restèrent ignorées de l’Occident latin (Ptolémée ne fut traduit en latin qu’en 1410), se substitua une représentation de la terre en forme de disque plat, symbole du Tabernacle, les trois parties du monde attribuées par la Bible aux trois fils de Noé — l’Asie à Sem, l’Afrique à Cham, l’Europe à Japhet – étant divisées selon un modèle dit « en TO », avec Jérusalem pour centre et le Paradis à l’Orient extrême.

De telles conceptions perdurèrent jusqu’au milieu du XIVe siècle, tant dans certaines cartes -- attribuant à l’Europe la forme d’une femme, à l’Afrique celle d’un homme (Opicinus, Avignon, 1338) ou inscrivant le monde dans une mandorle christique (Hidgen, 1350) --, que dans les récits fabuleux des Voyages de John Mandeville (1357), qui connut un succès non moins fabuleux : 250 manuscrits, en presque toutes les langues d’Europe, puis 90 éditions imprimées, de 1480 à 1600. Renchérissant sur les récits épiques du Roman d’Alexandre, qui abordait les confins du monde, ou sur la Lettre (apocryphe) du Prêtre Jean (1165), mythique souverain d’un hypothétique royaume, peuplé par les descendants des peuples de l’Inde évangélisés par saint Thomas, ou situé quelque part en Abyssinie, Mandeville popularise ces deux figures légendaires et leur ajoute celle du Vieillard de la Montagne ( trace de la secte, bien réelle, des « assassins ») ; des tribus juives de Gog et Magog, recluses au-delà de la Caspienne ; du mur qui entoure le Paradis…et d’innombrables créatures monstrueuses : blemmyes sans têtes, sciapodes aux pieds uniques etc.

Pourtant, la curiosité de l’Occident pour le monde situé au-delà des zones marquées par la domination de Byzance et de l’Islam ne va cesser de croître, surtout à partir du XIIe siècle, au point de faire éclater, à l’aube de la Renaissance, les limites du monde clos. Mandeville lui-même, à côté de ses divagations, donne de précises descriptions géographiques, compilations de récits antérieurs de voyages, et des comptes rendus historiques : histoire d’Israël, des croisades, des mamelouks du Caire etc. Surtout, il vulgarise les théories savantes, énoncées un siècle plus tôt, en 1220, par l’anglais John Holywood (Sacrobosco) de Halifax, concernant la rotondité de la terre. Christophe Colomb, qui fut, un temps, marchand de livres et d’estampes en Andalousie, et connaissait les récits de Mandeville et de Marco Polo, comme les cartes du florentin Toscanelli (XVe siècle), en tirera argument pour expérimenter la fameuse route atlantique, déjà évoquée par Aristote et Strabon et dont les savants Roger Bacon et Albert le Grand, au XIIe siècle, avait repris la théorie.

C’est l’histoire de ce long dynamisme de l’Occident, qui finira par submerger les empires de Byzance et d’Islam pour marquer de son emprise le monde moderne, qu’analysent sept universitaires de renommée internationale, français, allemand et espagnols. Ils en soulignent la diversité des buts : marchands, sous l’impulsion, au XIIIe siècle, de Gênes, de Venise, de Raguse, de Catalogne, en mer noire et au Levant ; mais aussi — et souvent en même temps —, guerriers autant que religieux, avec la grande vague des conquêtes latines que furent les croisades. Parallèlement, dans l’ordre guerrier, les grands tournois itinérants rassemblant l’élite de la noblesse d’Europe (où s’illustrèrent les figures chevaleresques de Guillaume le Maréchal ou du maréchal de Boucicaut, futur gouverneur de Gênes), préludes aux vastes guerres entre nations du XIVe siècle ; ou les migrations norvégiennes, conduites par Leif Erikson, à l’an mil, vers le Groenland et le Vinland ; dans l’ordre religieux, les pèlerinages aux lieux saints de Jérusalem, de Rome et de Saint-Jacques de Compostelle.

Les textes décrivent le détail quotidien et les conditions matérielles, si aléatoires, des ces aventures périlleuses, souvent guettées par l’échec et par la mort. Enfin, suscitées par la montée de nouveaux périls et par la nécessité de rechercher des alliances autant que par la curiosité de l’inconnu ou par une volonté affirmée d’expansion, les ambassades, missions ponctuelles, sont envoyées par saint Louis (Guillaume de Rubrouck) et par le pape Innocent IV (Jean de Plan Carpin), au milieu du XIIIe siècle, vers le khan des Mongols, et, au début du XVe siècle, par Henri III de Castille auprès de Tamerlan. Les remarquables qualités d’analyse et d’observation de ces émissaires, parfois plus perspicaces que Marco Polo, font de ces témoignages le point de départ d’une autre aventure, cette fois intellectuelle : celle de l’humanisme, des Lumières, de notre XXIe siècle, qui confrontera, l’homme occidental, humble d’abord puis triomphant, à la nécessité de prendre en compte la relativité des cultures, des moeurs et des croyances, à admettre la diversité de l’homme sans renoncer à son unité ni renier sa dignité.

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