Jacques de Bellange

A partir d’une vingtaine d’épreuves originales et de deux dessins conservés dans les collections nancéennes musée lorrain et bibliothèque municipale, c’est l’univers majestueux et tourbillonnant d’un artiste au souffle maniériste qui s’offre au regard du visiteur.

La postérité du peintre et du dessinateur a depuis trop longtemps éclipsé les talents du graveur. Or Jacques de Bellange fait preuve d’une extraordinaire virtuosité dans le maniement de la pointe, qui restera inégalée jusqu’aux travaux de Rembrandt. Son répertoire est vaste; il embrasse tour à tour sujets religieux, épisodes mythologiques, histoires de la fable et scènes de genre. Son écriture graphique est nerveuse et ample: aux affleurements subtils de la plaque de cuivre répondent les incisions profondes; les variations de la ligne sont nombreuses, elles révèlent la qualité des tailles – lignes esquissées, densité des hachures, modulations au pointillé.

La mise en lumière des compositions n’est pas moins étonnante: elle s’apprécie dans le savant équilibre ménagé entre fonds striés, larges espaces en réserve et figures sculpturales aux longues silhouettes sinueuses qui campent dans l’image. C’est bien là que réside tout le génie de Jacques de Bellange. Par la magie du trait, le facétieux graveur dévoile sa vision d’un monde idéal, à la fois poétique et mystérieux, dans lequel s’apprécie la quête d’une incarnation esthétique.

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